De Gaulle l’avait dit à sa manière, « vers l’Orient compliqué je volais avec des idées simples ». Les avions français qui reconnaissent désormais le ciel de Syrie, en prévision de frappes prochaines, sont-ils mus par ce principe de simplicité ? On ne saurait trop le croire. Et, faute de pédagogie au sommet de l’État, comprendre la stratégie française ne va guère de soi. On se souvient qu’en août 2013, indignée devant l’usage d’armes chimiques par l’armée de Bachar al-Assad, la France avait voulu mener des frappes punitives en Syrie. Ce qu’elle renonça à faire après que l’allié américain se fut abstenu. On ravala nos bombes et comme la nature diplomatique a horreur du vide, on forgea un nouveau concept, un ni-ni à vocation externe : « ni Daech ni Assad ». À ce compte-là, les massacres d’opposants syriens ont continué, et l’État islamique a pu perpétrer ses crimes à la face du monde. Quant à la crise des réfugiés, elle a eu deux années pour s’aggraver. Le résultat est sous nos yeux : nous avons la peste de l’État islamique et le choléra du régime sanguinaire de Bachar al-Assad. Les opérations annoncées par le chef de l’État le 7 septembre donnent une impression de temps perdu, d’indécision, de mauvaise anticipation. Nous voici dans l’étrange situation de reparler aux Russes en dépit des contentieux, de nous concerter avec le pouvoir syrien pour attaquer Daech. Assad le chef de guerre peut se frotter les mains. Et serrer celles de Poutine.
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« Un “Yalta” entre sunnites et chiites semble impossible »
Henry Laurens
Fondamentalement, qu’est-ce qui réunit et qu’est-ce qui sépare sunnites et chiites ?
Les sunnites et les chiites suivent de la même manière, au départ, à des détails près, un prophète commun et son enseignement, le Coran. Ensuite, il y a des enjeux de succession. Le problème est que les sources sur la querelle de succession datent… d’un siècle à un siècle et demi plus tard. Ainsi la tradition rapporte l’existence de quatre premiers califes, mais on ne trouve pas trace de l’usage du terme « calife » avant la fin du viie siècle, soit un demi-siècle après la mort de Mahomet. Il reste que les chiites vont dénoncer les trois premiers califes comme imposteurs. Ali, qu’ils reconnaissent, étant le quatrième. Enfin, les chiites accordent à l’imam un caractère presque prophétique. C’est inacceptable pour les sunnites, notamment les wahhabites qui rejettent tout ce qui peut apparaître comme une intercession entre Dieu et les siens.
[Mission]
Robert Solé
C’est le plus beau jour de ma vie. Le dernier aussi. Ce matin, à l’aube, le chef m’a convoqué, tout sourire. « Mamdouh, m’a-t-il di…