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Repères : la lutte pour les droits civiques
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« Sous Obama, la situation des Noirs ne s’est pas améliorée »
Pap NDiaye
Le racisme anti-Noirs aux États-Unis est-il plus prégnant que les autres formes de racisme ?
Oui, indubitablement. Car il s’inscrit dans le temps de l’histoire américaine d’une manière qui n’est pas comparable aux autres racismes. Ces derniers ont généralement touché les vagues d’immigrants, comme par exemple le racisme contre les Italiens ou les Juifs arrivés à la charnière des xixe et xxe siècles, un racisme glorifié par le célèbre ouvrage de Madison Grant, The Passing of the Great Race (Le Déclin de la grande race, 1916). Le racisme anti-Noirs se caractérise, lui, par sa permanence dans le temps, et parce qu’il s’est inscrit dans une forme de production économique : d’abord l’esclavage, puis la ségrégation. C’est un racisme institutionnel, qui s’appuie sur une police et une justice d’État. Cette double dimension structurelle et institutionnelle le distingue des autres formes de racisme, pas moins condamnables mais qui n’ont jamais été appuyées par des politiques publiques.
Qu’est-ce qui explique la pérennité de la « question noire » aux États-Unis ?
Rappelons d’abord que ce racisme s’est beaucoup affaibli depuis les années 1960. Toutes les études le montrent. Un bon indice est la multiplication aujourd’hui des mariages « interraciaux », alors que, jusqu’en 1967, trente des cinquante États américains les interdisaient. Mais sa permanence reste une réalité. Les préjugés vis-à-vis du Noir, figure de l’altérité radicale, régressent, mais les institutions sont bien plus lentes à évoluer. Il y a ainsi de plus en plus de Noirs dans la police. Mais la question n’est pas individuelle ; c’est celle de l’institution. Comment se comporte cette police au quotidien à Baltimore ? Là est le problème. À cause de l’état d’esprit régnant souvent dans la police, certains policiers noirs « en rajoutent » parfois. Car on attend d’eux qu’ils démontrent une solidarité professionnelle, et pas raciale.
Oxymore
Robert Solé
Favoriser les défavorisés… Donner plus à ceux qui ont moins… C’est pour venir en aide à certains groupes de personnes – notamment les Noirs – victimes de discriminations, que les États-Unis ont mis en place dans les années 1960 l’affirmative action : un système de préférences pour permettre l’égalité des chances. La France s’en est inspirée, à sa manière, afin d’améliorer la situation des femmes ou des handicapés. Doit-on en étendre la formule aux enfants d’immigrés ? Cela supposerait d’établir des statistiques ethniques. Or, la Constitution française proclame le principe de l’égalité devant la loi, « sans distinction d’origine, de race ou de religion ».