Non à Macron, non à Le Pen, non à Mélenchon… C’est essentiellement pour dire non que la plupart des Françaises et des Français auront voté. Parfois même avec une double négation : ni-ni. 

Dans le passé, la France a connu à plusieurs reprises des ni-ni, de gauche comme de droite : le refus de choisir entre peste et choléra présumés. Lors de l’élection présidentielle de 1969, par exemple, le Parti communiste mettait dans le même sac les deux finalistes, Alain Poher et Georges Pompidou, en décrétant : « Blanc bonnet et bonnet blanc. » Mais, dimanche, au second tour des législatives, le ni-ni s’est appliqué à des figures diamétralement opposées. Un ni-ni au pluriel, avec des variantes : certains électeurs ne voulaient ni du Rassemblement national ni du Front populaire ; d’autres, ni du Rassemblement national ni de la France insoumise ; d’autres encore, ni du Rassemblement national ni des mélenchonistes…

Le contraire du ni-ni, ce n’est pas le oui-oui, mais la hiérarchisation des rejets : choisir entre le moindre mal, quitte à se faire violence. Ou, selon l’élégante formule de Dominique Strauss-Kahn, « voter en se bouchant le nez ». 

« Il faut estimer le moindre mal comme un bien », écrivait Machiavel dans Le Prince. Et, de manière plus cynique, sans craindre de se contredire : « En politique, le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal. » 

En 2017, ce n’était pas avec un ni-ni qu’Emmanuel Macron dynamitait le champ politique. Il ne disait pas « ni gauche ni droite », mais « ceci et cela », traduit par « en même temps ». Il faut en parler au passé, bien qu’Ensemble ait obtenu un nombre de députés moins calamiteux qu’on ne le prévoyait. La majorité présidentielle est morte. Ni fleurs ni couronnes.