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Déclarations et affaires marquantes
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« Le mensonge n’est jamais complètement protégé »
Jean-Noël Jeanneney
Quelle réflexion vous inspire la notion de mensonge politique ?
Nous sommes voués, comme citoyens, à nous situer toujours quelque part entre un cynisme désabusé (« Tout le monde ment ! ») et un angélisme qui voudrait que chacun soit sincère et vrai en face de tous, constamment. L’historien s’intéresse forcément aux ressorts, honorables ou pervers, qui peuvent conduire à mentir et en tout cas à ne pas vouloir tout dire. Voyez Voltaire : « Le mensonge n’est un vice que lorsqu’il peut faire du mal, c’est une grande vertu quand il fait du bien. » Reste à savoir ce qu’est « le bien »… Je préfère le mot d’Alain : « Le mensonge consiste à tromper, sur ce qu’on sait être vrai, une personne à qui on doit cette vérité-là. » Problème : à qui la doit-on, hic et nunc ?
Cette nécessité de cacher a souvent été théorisée.
Machiavel a l’expression la plus vive dans Le Prince : « à celui qui a mieux su faire le renard, ses affaires vont mieux ». Je vous renvoie surtout à l’étonnant petit livre de Jonathan Swift, L’Art du mensonge politique, publié en 1733 et que Jean-Jacques Courtine a récemment réédité. Ouvrage ironique qui prétend faire l’apologie du mensonge en proposant des règles pratiques pour que celui-ci soit fécond. Cynisme affiché ? Moralisme caché ? On ne sait pas… L’auteur appelle notamment à recruter des « sociétés de menteurs » : les « spin doctors » d’aujourd’hui. Notez que cet opuscule est lui-même une métaphore : Swift le présente comme annonçant un traité sur le mensonge dont il sait qu’il ne paraîtra jamais et il le signe alors que c’est son ami John Arbuthnot, en réalité, qui l’a écrit…
Menterie
Robert Solé
Que se passe-t-il ? N’était-il pas entendu qu’après l’élection on raserait gratis ?
J’avais peut-être mal compris la promesse du candidat. Pourtant, vérification faite, elle figure noir sur blanc dans le tract qui est sous mes yeux. Aurait-il oublié son propre texte ? Une vraie tête de linotte ! Et on vous parle ensuite de leur mémoire, on les qualifie d’éléphants…