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« Nous sommes un grand pays d’immigration, pas un pays d’asile »
François Héran
Assiste-t-on à un changement d’échelle migratoire en France depuis quelques mois ?
Il s’agit incontestablement d’un afflux extraordinaire lié à des événements extraordinaires comme la guerre en Syrie et en Irak. Oui, le nombre des demandeurs d’asile politique sera incontestablement supérieur à celui dont nous avons l’habitude. Il y a évidemment un précédent auquel il est délicat de se référer parce que les intéressés le rejetteraient : c’est l’accueil des rapatriés d’Algérie au début des années 1960. En deux ou trois ans, la France accueille plus d’un million de personnes. D’une population de 46 millions d’habitants, elle passe rapidement à plus de 48 millions. Quand vous lisez les verbatim des discussions entre le général de Gaulle et Alain Peyrefitte, il y a un moment saisissant. On explique à de Gaulle qu’il faudra accueillir en métropole quelques milliers de pieds-noirs… et il se récrie : nous n’y arriverons pas ! Et de jour en jour, les chiffres montent. Il est effaré.
Bien sûr, ce n’est pas une migration étrangère. La première réaction, c’est jamais nous n’arriverons à accueillir 10 000 personnes. J’observe que nous avons pu en accueillir un million. Bien sûr, cela a été compliqué, les rapatriés ont beaucoup souffert, mais cela a été fait. Dans une période de forte croissance, il est vrai.
Il y a un autre exemple qui remonte à l’avant-guerre avec les réfugiés espagnols après la prise de Barcelone en janvier 1939. Il y a eu quasiment un million de Catalans qui ont franchi la frontière.
[Misère]
Robert Solé
– Réfugiés politiques, réfugiés économiques, réfugiés climatiques… Vous verrez que, demain, on nous demandera de recevoir des réfugiés linguistiques ou gastronomiques.
– Votre cynisme est scandaleux !