Les frontières sont une chose. Mais quelle est la fonction des murs ?
Ce sont des constructions qui font de la politique, qui disent quelque chose. Ils sont constitutifs de la naissance des civilisations et des empires qu’il s’agisse de véritables murailles ou de réseaux de fortins. Ils ne représentent pas seulement des réponses militaires pour prévenir ou parer à des agressions, mais sont l’instrument d’une affirmation. La Grande Muraille de Chine possède cette double fonction, tout à la fois extérieure et intérieure. Elle protège bien sûr, mais elle adresse surtout un message à l’intérieur de la frontière : vous êtes les sujets d’une même civilisation ; ceux qui sont à l’extérieur sont des barbares au sens étymologique du mot, ils ne parlent pas votre langue. C’est vrai pour la Chine, c’est vrai aussi pour l’Empire romain avec son limes (limite).
La dimension militaire, toujours mise en avant, n’est pas la plus efficace. Cela ne vaut que si l’État a les moyens d’entretenir à la fois une force de couverture, donc fixe et permanente, et une force mobile d’intervention. La volonté politique d’affirmer un corps social et politique cohérent est plus importante.