Quotidienne

Les Misérables

Nicolas Carreau, auteur

Chaque samedi, retrouvez la genèse d'un grand roman dans Le 1 des Libraires. Aujourd'hui, le chef d'œuvre de Victor Hugo, Les Misérables.

Les Misérables
Stéphane Trapier

C’est la marque des grands mythes littéraires : on peut ne jamais avoir lu une ligne du roman, mais très bien connaître ses personnages. C’est le cas pour Les Misérables. Jean Valjean, Cosette, Gavroche, Javert et les infâmes Thénardier sont devenus des archétypes. On ­prononce leur nom pour désigner un type de caractère – « Fais pas ta Cosette ! ». Hugo a longtemps hésité, il avait d’abord pensé intituler son œuvre Les Misères. Joli titre. Mais il fait davantage référence au contexte social, à l’adversité du monde, tandis que le roman s’intéresse d’abord aux destins individuels : il met l’humain au centre, et les misérables en particulier.

Du pair de france au proscrit

Victor Hugo entame la rédaction de son chef-d’œuvre en 1845, dans un contexte tout hugolien. Il vient d’être surpris en flagrant délit d’adultère avec Léonie d’Aunet, la femme du peintre Biard. Elle écope de plusieurs semaines de prison ; Hugo, lui, se retire chez lui. C’est là qu’il pose les bases des Misères. Il lui faudra dix-sept ans pour achever le livre. Mais il ne les passe pas penché sur son ouvrage. Au moment de sortir le vieux manuscrit d’une malle en fer, qui l’a suivi dans son exil à Hauteville House, il inscrit sur le papier, comme pour souligner la jonction : « 14 février 1848. Ici, le pair de France s’est interrompu, et le proscrit a continué. 30 décembre 1860. » C’est que ce n’est pas le même homme qui reprend le travail. Il a vécu depuis, il a changé. En 1848, il se consacre à la politique. Puis, c’est le coup d’État du 2 décembre 1851. Et la fuite, à Bruxelles, à Jersey (1852-1855) et, finalement, à Guernesey. Il n’écrit plus Les Misères, mais publie Napoléon le Petit (1852), Les Châtiments (1853) et Les Contemplations (1856).

Il s’adonne également au spiritisme, très en vogue à l’époque. Autour des tables tournantes, on convoque Shakespeare, Molière ou Dante. 

Il s’adonne également au spiritisme, très en vogue à l’époque. Autour de

05 août 2023
Retour

Nous vous proposons une alternative à l'acceptation des cookies (à l'exception de ceux indispensables au fonctionnement du site) afin de soutenir notre rédaction indépendante dans sa mission de vous informer chaque semaine.

Se connecter S’abonner Accepter et continuer