Auteur prolifique et acclamé, Philip Pullman a récemment publié en France Serpentine, qui prend place dans l’univers de la saga À la croisée des mondes (Gallimard Jeunesse), commencée en 1995 et récemment élue troisième œuvre littéraire préférée des Britanniques. Celle-ci met en scène les aventures de la jeune Lyra Belacqua dans des univers parallèles qui convoquent magie, science et métaphysique.

Découvrez cet entretien issu du nouveau 1 des libraires, « Pourquoi rêvons-nous de mondes imaginaires ? », en lien avec le Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis, qui se tient à Montreuil du 30 novembre au 5 décembre.

 

Quels mondes imaginaires vous ont marqué, enfant ? 

Pour moi, tout livre est un monde imaginaire, quel que soit le genre. Je n’ai pas lu beaucoup de fantasy, mais si je devais citer un monde qui m’a particulièrement marqué, ce serait celui des Moumines de Tove Jansson. J’ai aussi beaucoup aimé des livres plus réalistes, notamment un roman français des années 1950, Millionnaires en herbe, de Paul Berna, qui raconte l’histoire d’un gang d’enfants à Paris qui trouve un vieux cheval de bois rempli d’argent. Pour moi, c’était aussi un autre monde, un monde où les gens parlaient et s’habillaient différemment, se comportaient différemment, mais qui était suffisamment reconnaissable pour que je puisse m’imaginer y vivre. J’adorais ce monde, comme j’adorais celui de Tintin ou d’Astérix, que je décodais à l’aide des images et de mon français rudimentaire. Comme tous les enfants qui aiment lire, j’étais complètement absorbé par ces mondes, j’avais l’impression de pouvoir y vivre. On parle souvent d’« identification » aux personnages imaginaires, mais ce n’est pas exactement cela. Je n’avais pas envie d’être un Moumine, ou Tintin, ou Astérix. J’avais envie d’être leur ami. De faire partie de leurs histoires, mais en restant moi-même. Et je crois que c’est ce que font les enfants : ils voyagent dans les mondes, rejoignent les personnages dans leurs aventures, mais restent eux-mêmes. C’est ça, la lecture. 

Est-ce la raison pour laquelle vous avez décidé d’écrire et de construire vos propres mondes ?

Pas vraiment. L