Paru le 25 janvier 2023

Comment écrire l’histoire ? Comment s’emparer de cet inépuisable matériau pour en faire, sinon le sujet, au moins le décor d’un roman ? Et jusqu’où la fiction peut-elle cheminer avec l’exigence de fidélité ? Il est peu de grands auteurs qui ne se soient penchés sur ces questions, offrant quelques légendes aux siècles derniers, comme un écho à la sentence des frères Goncourt : « L’histoire est un roman qui a été ; le roman est de l’histoire qui aurait pu être. » Ce nouveau numéro du 1 des libraires vous propose de grimper sur ces deux échasses pour comprendre notre rapport au passé.

« Le roman accueille l’irrationnel quand l’histoire rationalise »

Entretien avec MONA OZOUF

« L’exemple des romanciers rappelle aux historiens qu’il y a dans l’histoire de l’inattendu, de l’intempestif, de l’invraisemblable même. » Spécialiste de la Révolution et de l’école publique, l’historienne, qui a consacré un livre à Henry James et un autre à l’écrivaine George Eliott, fait preuve d’une passion particulière pour la littérature, qui a largement alimenté son travail. Elle revient ici sur les liens qu’entretiennent le roman et l’histoire, et la façon dont ils peuvent se compléter pour nous apporter une lecture plus fine du monde.

 

Quel passé lisons-nous ?

LOU HÉLIOT

« Donnant un nom aux anonymes et une voix aux ignorés, le roman historique actuel va souvent exhumer la vie de ceux qui sont tombés dans les oubliettes de l’histoire. » Notre journaliste a interrogé des écrivains et des éditeurs, ainsi que des chercheurs en littérature, pour saisir les grandes tendances du roman historique contemporain, d’Éric Vuillard à Jean Christophe Rufin, en passant par Françoise Chandernagor et Patrick Chamoiseau. Son enquête nous montre comment les frontières du genre ne cessent de se brouiller, et ses limites d’être repoussées.

 

Et aussi : Un mariage à Lyon, une nouvelle de Stefan Zweig dans la France de la Révolution ; un extrait d’un texte de Laurent Binet sur ce que la fiction gagne, selon lui, à se fonder sur la réalité historique ; et 8 coups de cœur de libraires parmi les romans récents qui mêlent grande et petite histoire.

2e feuille – « La bibliothèque idéale du 1 » : Guerre et paix de Léon Tolstoï

 

« La sagesse passe chez Tolstoï par la quête de simplicité »

Entretien avec LUBA JURGENSON

Œuvre qui a marqué ses contemporains et à laquelle on ne cesse de revenir, en particulier en période de conflit, Guerre et paix permet à Tolstoï de déployer une philosophie de l’histoire faisant la part belle à la figure de l’écrivain. C’est en effet lui qui, nous dit la spécialiste des littératures slaves Luba Jurgenson, « peut faire le pont entre les généraux et les soldats, entre les individus
et les masses ; lui [qui] peut métaboliser leurs savoirs et offrir un tableau plus proche de la réalité historique telle qu’elle a été vécue ».

Et aussi : un grand poster signé Pierre-Henry Gomont ; le regard de l’écrivain Pierre Lemaitre ; la genèse du roman, par Julien Bisson ; un extrait clé du roman.

Acheter ce numéro S’abonner au 1 des libraires