Paru le 29 novembre 2023

Nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir répondre à l’appel de la nature, attirés par le besoin d’évasion, de dépaysement, de sérénité. Mais que signifie-t-il vraiment ? Et d’abord, de quelle nature parlons-nous ? L’occasion était belle de se pencher sur le sujet dans ce nouveau numéro du 1 des libraires, en partenariat avec le Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. De George Sand à Jack London, de Jean Giono à Ursula K. Le Guin, il retrace la façon dont la littérature s’est fait l’écho des relations complexes de l’homme à son environnement – jusqu’aux tentatives de faire émerger le souci de la nature et du vivant au sein du roman

 

« Quand on nomme trop bien la nature, on bascule dans la culture » 

Entretien avec TRISTAN GARCIA

« En prêtant à d’autres formes de vie la conscience du monde, la mémoire des choses, on peut, d’une certaine manière, soulager les épaules de l’humanité, qui n’a plus à être le seul témoin du monde, l’unique narrateur de son histoire. » De l’épopée de Gilgamesh aux romans écoféministes contemporains, en passant par la quête du Graal, Thoreau et Zola, l’écriture de la nature est traversée de tensions et d’ambivalences, explique l’écrivain et philosophe, auteur de Mémoire de la jungle et de Faber, le destructeur. Il revient en particulier sur la façon dont, à la lueur des apports de l’écologie scientifique et des enjeux climatiques et environnementaux, certains auteurs ouvrent la voie à une littérature moins anthropocentrée et plus à l’écoute des autres formes du vivant.

 

Les Français savent-ils « écrire la nature » ?

Enquête de LOU HÉLIOT

« Tout l’enjeu est là. “La littérature environnementale n’a pas vocation à changer le monde, avance Pierre Schoentjes, mais elle donne de la valeur à ce qui nous entoure, décentre notre regard, et nous invite à penser autrement, selon des lignes différentes de l’engagement militant ou politique.” » S’il n’existe pas, explique notre journaliste, une tradition comparable au nature writing américain en France, les thématiques écologiques occupent de plus en plus de place dans un paysage littéraire qui embrasse à bras-le-corps nos inquiétudes et questionnements.

 

Et aussi : Construire un feu, le récit de Jack London dans sa première version (1902) ; comment parler de la crise environnementale aux enfants, par l’autrice jeunesse Myriam Dahman ; et les coups de cœur des libraires, en partenariat avec le Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis.

2e feuille – « La bibliothèque idéale du 1 » : Vingt mille lieues sous les mers, de Jules Verne

« Jules verne met en scène le positivisme scientifique comme son volet négatif »

entretien avec Benoît Peeters

« Aujourd’hui, la littérature paraît un peu en panne face aux grandes révolutions scientifiques, visibles ou invisibles ; elle peine à sortir de l’échelle intimiste pour se confronter aux questions les plus complexes de notre modernité. » Auteur, avec le dessinateur François Schuiten, du Retour du capitaine Nemo, l’écrivain et scénariste insiste sur la richesse et la complexité de l’œuvre de Jules Verne, trop souvent réduite à une caricature, et souligne sa portée mythologique.

 

Et aussi : un grand poster signé Antoine Aubin ; le regard de l’écrivain Erik Orsenna ; la genèse du roman par Julien Bisson ; un extrait clé de l’œuvre.