La vérité

 

C’est une légende
la queue en tire-bouchon
des hommes

 

et que les femmes se
nourrissent
de leur sang menstruel

 

comme les poils
de l’aisselle
qui concentrent

 

l’énergie sexuelle

 

Non
la vérité
est

 

que nos ongles
sont reliés aux étoiles
par le magnétisme

 

quand on les coupe
c’est de là que viennent
les supernovas

 

Âmes parties au loin
avec les spores

 

Dans une lettre à Catulle Mendès, Stéphane Mallarmé explique qu’il compte chanter, dans son Tombeau consacré au poète, une des qualités glorieuses de Théophile Gautier : « Le don mystérieux de voir avec les yeux »… Il ajoute : « (Ôtez mystérieux). Je chanterai le Voyant qui, placé dans ce monde, l’a regardé, ce que l’on ne fait pas. »

Je prends le métro. Des affiches annoncent le prochain championnat d’Europe de football : l’Euro 2020 se jouera du 11 juin au 11 juillet 2021. Et mon esprit de faire le trajet promotionnel qui a conduit les organisateurs à cette étrange antiphrase.

Je lis un quotidien. Le bilan humain du Covid, s’y demande-t-on, aurait-il été moins lourd en France si le pays avait eu moins de lits de réanimations ? « Cela peut sembler paradoxal et contre-intuitif mais c’est une réalité », estime Pascal Crépey, de l’École des hautes études en santé publique de Rennes : la faillite de l’hôpital aurait déclenché des confinements plus précoces !

Au cours de cette crise, il a fallu attendre des preuves scientifiques pour que l’État nous informe qu’aérer des pièces était souhaitable, ou qu’on nous explique que l’inactivité physique multipliait les risquer de contracter une forme grave du coronavirus… « Ignorance is Strength », assure Big Brother dans 1984. Et on dirait que les majuscules émasculent les mots comme notre pensée… « Liberty is Slavery. » En déléguant notre savoir aux spécialistes, l’évidence met plus de temps à arriver à notre crâne.

« I am not what I am », disait Iago dans Shakespeare. « Je ne sais pas ce que je sais », ajoutait la Mélisande de Maeterlinck. La logique tourne à vide à force de s’écarter de nos perceptions immédiates. Alors, autant se réfugier chez Tristan Tzara et sa chanson dada :

 

mangez du chocolat
lavez votre cerveau
dada
dada
buvez de l’eau

 

 

 

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