Paru le 15 mai 2024

On doit aux écrivains voyageurs d’avoir forgé notre imaginaire de l’ailleurs. Ce sont eux qui nous ont enseigné que partir était le plus beau mot de la langue française. Et ce sont encore eux qui, aujourd’hui, peuvent nous offrir de nouvelles façons d’appréhender nos prochaines odyssées, en décalant notre regard ou en lorgnant d’autres horizons, comme le montre ce nouveau numéro du 1 des libraires, en partenariat avec le festival Étonnants Voyageurs, qui se tient du 18 au 20 mai à Saint-Malo.

En seconde feuille, notre « Bibliothèque idéale » s’ouvre au plus insolite des voyageurs, un marin anglais qui aura parcouru la moitié du globe au fil de ses aventures, mais dont on ne retient que son immobilisation sur une île déserte : le Robinson Crusoé, de Daniel Defoe.

 

« La seule condition du voyage est la différence »

Entretien avec MATHIAS ÉNARD

« On peut tout à fait conserver l’esprit de voyage à quelques mètres de chez soi. La seule condition est de faire l’expérience de la différence, de cette tension qu’il y a entre soi et l’autre quand on reçoit une forme d’altérité et qu’on s’y confronte. » L’écrivain, qui a reçu le prix Goncourt en 2015 pour son roman Boussole, évoque la grande histoire du récit de voyage, en particulier son âge d’or du xixe siècle. Il évoque son rapport personnel à cette littérature et sa propre quête d’un ailleurs, tout en menant une réflexion sur les liens qui peuvent unir l’écriture et la découverte du monde.

 

Les nouveaux voyageurs : Isabelle Autissier, Élie Guillou et Aparecida Vilaça

LOU HÉLIOT

Pourquoi partir loin de son foyer, des siens et des sentiers touristiques ? S’éprouver seul face à soi- même et aux paysages ou sous des regards étrangers ? Et comment retranscrire cette expérience de l’ailleurs et de l’altérité ? Aparecida Vilaça, qui a publié un récit littéraire de ses séjours dans la tribu amazonienne des Wari, nous parle du sentiment d’exotisme qu’éprouvent les anthropologues comme elle face à toute société humaine, y compris la leur, tandis que la navigatrice Isabelle Autissier dépeint ses traversées en mer comme un apprentissage du lâcher-prise. Élie Guillou, parti à la rencontre du peuple kurde, nous livre, lui, ses interrogations sur la place à tenir pendant et après de tels voyages. Portraits de trois écrivains à retrouver au festival Étonnants Voyageurs.

Et aussi : un récit de Colette, sur sa découverte de New York, illustré par Antoine Cossé ; « Dessiner force à voir », le témoignage de l’auteur de bande dessinée Emmanuel Lepage ; et les coups de cœur des libraires du festival Étonnants Voyageurs.

 

2e feuille – « La bibliothèque idéale du 1 » : Robinson Crusoé, de Daniel

 

« Robinson Crusoé, c’est avant tout l’histoire d’une conversion »
Entretien avec BAUDOUIN MILLET

« L’île est vécue comme une épreuve, mais pas forcément comme une malédiction, puisqu’elle permet à Robinson de gagner en sagesse. » Éditeur scientifique de la dernière édition de Robinson Crusoé dans la « Bibliothèque de la Pléiade », le chercheur nous aide à replacer l’œuvre dans son époque, tout en nous permettant de saisir ce qui fait son universalité et sa modernité.

Et aussi : un grand poster signé par l’illustrateur et auteur de bande dessinée Blutch ; le regard de l’écrivain Patrick Chamoiseau ; la genèse du roman par Julien Bisson ; un extrait clé de l’œuvre.