Les chiffres doivent-ils avoir le dernier mot ? En 2015, nous apprend le magazine Union Presse qui fête en mars son 400e numéro, mille points de vente de journaux ont disparu sur l’ensemble du territoire français. Même s’il reste encore précisément 24 877 marchands de presse, on ne peut que s’inquiéter de cette hémorragie. Car trouver son journal au coin de la rue, c’est se réchauffer à un « petit feu allumé au carrefour », dit l’écrivain Danièle Sallenave dans ce même numéro. C’est aussi « ouvrir une fenêtre sur le monde », ajoute le réalisateur Costa-Gavras. « Un bonjour, un sourire, un merci, le marchand apporte un plus : de l’humanité », dit de son côté le patron du Tour de France, Christian Prudhomme. Le mathématicien Cédric Villani insiste lui sur ce contact indispensable offert par le kiosque avec l’information qu’on n’attendait pas. « L’info ciblée sur Internet est dangereuse en ce sens qu’elle isole et freine le dialogue », observe-t-il en plaidant pour cet éventail grand ouvert du marchand de journaux, où l’on se confronte même avec des titres qu’on n’apprécie guère. Loin des algorithmes, les lieux où la presse vit et se déploie sont une petite goutte d’eau versée dans l’aridité des rapports humains, nous murmure la pianiste Anne -Queffélec, peu adepte des réseaux sociaux où les followers ne sont à ses yeux que des « faux lovers »… Quant au comédien Pierre Arditi, il compare son kiosquier à un bon caviste qui lui fournit le premier morceau de culture sur lequel poser la main : le journal.
Petit éloge des marchands de journaux
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« Facebook est devenu le kiosque mondial de l’information »
Éric Scherer
Comment fonctionne un site d’information ? Comment crée-t-il une interaction avec son audience ?
De prime abord, la réponse paraît simple : un site d’information est le reflet d’une rédaction. Il obéit à des choix éditoriaux traditionnels. Mais à la réflexion, ces choix peuvent être biaisés par la technologie. Le premier biais est celui de Google à travers le search engine optimisation, l’optimi-sation par le moteur de recherche. À partir des années 2000, certaines rédactions ont privilégié une écriture de titres permettant aux articles d’être bien placés dans les moteurs de recherche. Cette pratique a généré un risque énorme et un cauchemar pour les rédactions : s’apercevoir que Google dirige la conférence de rédaction du matin car c’est en fonction des requêtes et des recherches des internautes la veille qu’on va déterminer les sujets qui intéressent. Et produire des articles en conséquence. Aujourd’hui Google est moins dominant dans cet écosystème, mais le biais demeure, en particulier pour les titres des articles qui sont optimisés pour plaire au moteur de recherche.
[Machinalisme]
Robert Solé
C’était dans un autre siècle. Je vous parle d’un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître. Internet, à cette époque, ne régnait pas encore. N’importe qui ne pouvait pas lancer sur la Toile n’importe quelle information non vérifiée et permettre à n’importe qui de la commenter.