Gares : multitudes, solitudes, retrouvailles, arrachements, arrivées, départs, proches, lointains… et au beau milieu de ces pas perdus, un piano. Droit certes, mais pourvu de cordes, pas un clavier numérique. Et, ô stupeur merveilleuse, piano respecté. Nul tag, nulle trace de vandalisme ne le marque. Cela s’appelle « Piano en gare »… Une expression de la SNCF.

À toute heure du jour, une foule sentimentale de mains en jouent, habiles ou gauches ; jazz en transe, chansons, études de Chopin, il en voit de toutes les couleurs.

Je forme le vœu qu’on continue d’entendre la voix de ces pianos (plus d’une centaine déjà), cette invitation à un autre voyage, une autre relance de la consommation que celle proposée, imposée, par les boutiques envahisseuses de gares. Une consommation de l’invisible, du rêve et de la fraternité palpable entre ceux qui écoutent et celui qui joue.

Oui à la relance de la croissance de ces valeurs gratuites, oui à la joie de cette énergie renouvelable donnée par la musique à travers ces partages inattendus. Et merci aux audacieux qui ont fait confiance à leurs semblables voyageurs, que nous sommes tous.