C’est en fugitif que Pablo Neruda écrit Chant général, en 1950. Le poète marxiste a été accusé de trahison par le président chilien Gabriel González Videla. Il trouve dans le peuple un espoir de renaissance. En renouvelant l’image christique du grain tombé en terre, il nous rappelle que la gauche est aussi un idéal. 

 

Je ne suis pas seul dans la nuit,
dans l’obscurité de la terre.
Je suis peuple, peuple innombrable.
J’ai dans ma voix la force pure
qu’il faut pour franchir le silence
et germer parmi les ténèbres.
Mort, martyre, ombre, glace
recouvrent brusquement la graine.
Le peuple semble enseveli.
Pourtant le maïs retourne à la terre.
Ses mains implacables, ses mains
rouges ont traversé le silence.
Et de la mort nous renaissons.

 

Chant général, traduit de l’espagnol par Claude Couffon
© Éditions Gallimard, 1977