Au chant XXIII de l’Iliade, Achille organise des jeux sportifs en l’honneur de son ami mort Patrocle. Huit épreuves sont prévues, dont une course à pied qu’Ulysse remporte à la Ben Johnson grâce à l’aide de la déesse Athéna. Un intermède comique qui nous rappelle que le sport est lié au sacré mais ne sent pas toujours la rose. 

« Levez-vous, vous qui voulez tenter cette épreuve. »
Il se leva soudain, le vif Aias, l’Oléide,
puis Ulysse aux ruses nombreuses, puis Antiloque,
fils de Nestor, qui battait, à la course à pied, tous les jeunes. 
Le Péléide montra l’arrivée. Ils se mirent en ligne.
Dès la borne, la course, d’un coup, se tendit, et très vite
le fils d’Oilée s’élança, suivi par le divin Ulysse,
proche – comme du sein de la femme belle-ceinture
le métier vient tout près, quand sa main, œuvrant sur la chaîne,
tend le fil de la trame et l’étire, et l’arrête, tout proche
de son sein : ainsi courait Ulysse, tout proche,
sur les traces d’Aias, avant que la poudre les couvre.
Sur la nuque d’Aias, Ulysse expirait son haleine,
courant à vif allure, et les Achéens l’acclamèrent,
lui qui voulait la victoire, en l’encourageant dans sa hâte.
Pour la dernière partie de la course, le fils de Laërte
prit Pallas dans son cœur, la déesse aux yeux de chouette :
« Entends-moi, déesse, sois bonne, accélère ma course. »
Il se tut. Athéna Pallas entendit sa prière,
lui assouplit les membres, les pieds, et en haut, les épaules.

Comme ils étaient sur le point de bondir pour conclure la joute,
alors Aias – Athéna le gênant – trébucha dans sa course,
à un endroit couvert de la bouse des bêtes meuglantes,
bœufs sacrifiés par le vif Achille en l’honneur de Patrocle.
Il s’y farcit la bouche et le nez de bouse bovine.
L’endurant Ulysse remporta donc le cratère…

Iliade
© Éditions du Seuil, 2010, pour la traduction de Philippe Brunet

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