Erich Fried naît à Vienne d’une famille juive. Durant les années 1970, il écrit des poèmes d’agit-prop sur les dérives des régimes démocratiques. À l’heure de la suppression mesquine de l’aide médicale d’État et de la vilaine montée du RN, son œuvre gauchiste rejoint étrangement cette pensée du libéral Raymond Aron : « L’ignorance et la bêtise sont des facteurs considérables de l’histoire. » 

La grande compétition  
engagée dans notre pays 
entre la vilenie 
et la mesquinerie 
se poursuit 
 
La vilenie
expédie
plus vite
ses victimes

La mesquinerie
agit moins promptement
mais plus sûrement
et plus discrètement
 
Par l’expérience et la popularité
elles sont à égalité
on dit
qu’entre elles
une entente est imminente

Erich Fried, Cent poèmes sans frontière, traduit de l’allemand par Dagmar et Georges Daillant © Christian Bourgois éditeur, 1978

 

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