Depuis une dizaine de jours, l’actualité a pris des airs de funeste cortège, où chaque dépêche semble vouloir rivaliser dans l’horreur avec la précédente. D’abord avec les massacres perpétrés par des commandos du Hamas, depuis cette aube rouge sang du 7 octobre qui les a vus fondre sur les villages et les kibboutz entourant la barrière de Gaza. Plus de 1 300 Israéliens ont été tués, en grande majorité des civils, soit autant en trois jours que lors des vingt dernières années pour l’État hébreu. Et encore, ces chiffres ne disent rien des exactions commises sur des femmes ou des enfants, de ces scènes de pogrom parfois filmées ou photographiées, ni de l’angoisse quant au sort des quelque 150 otages emmenés comme boucliers à Gaza.

À la monstruosité de l’attaque terroriste a succédé la violence de la réplique israélienne, au sol comme dans les airs. Plus de 2 000 Palestiniens sont déjà morts, à la date du 15 octobre, tombés sous des bombes aveugles, avant même le début de toute opération terrestre de Tsahal au sein de la bande de Gaza. Et là encore, ce sinistre décompte peine à traduire la dévastation des foyers, la crise humanitaire du million de déplacés, la survie d’une population emprisonnée sans eau ni électricité.

Cette guerre est, aussi, la nôtre, faute d’avoir su l’empêcher, d’avoir su ouvrir les yeux sur l’incendie qui guettait.

Cette guerre qui se joue en ce moment au Proche-Orient, et dont nul ne sait encore jusqu’où elle pourra s’étendre, est aussi la nôtre. Parce que son ombre est comme une lumière noire sur nos dissensions, nos fractures politiques, sociales ou religieuses, creusant les fossés existants, exacerbant les haines et réduisant à peau de chagrin le souci de la vérité ou de la complexité. Mais cette guerre est, aussi, la nôtre, faute d’avoir su l’empêcher, d’avoir su ouvrir les yeux sur l’incendie qui guettait. Il y a trente ans, les accords d’Oslo signés entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat semblaient paver un chemin vers la paix. Depuis, rien n’a été fait par la communauté internationale pour l’emprunter, laissant la situation pourrir chaque jour un peu plus, entre violences épisodiques, renonciations au droit et colonisation forcée. Trente ans de mauvaises graines qui conduisent à ces milliers de vies fauchées. Le poète latin Lucain affirmait que « dans une guerre civile, la victoire même est une défaite ». Dans le conflit israélo-palestinien, aucun camp ne sera jamais capable de proclamer sa victoire. Le seul horizon possible est celui de la défaite. Notre défaite à tous. 

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