On peut distinguer deux types de lignes dans l’espace. Les premières, les orbites, sont directes, mathématiques, épargnées par le hasard. Les secondes, les constellations, sont poétiques, imaginaires, dessinant après coup des formes au milieu de nuées d’étoiles. Les premières ont l’assurance des certitudes. Les secondes ont la fantaisie des rêves les plus fous.

Cette trajectoire extraordinaire, il la doit en partie à sa bonne étoile. Mais plus encore à sa volonté, à sa détermination à surmonter les obstacles

À laquelle de ces lignes s’apparente le destin de Thomas Pesquet ? Dans Ma vie sans gravité (Flammarion), l’astronaute français retrace pour la première fois son parcours unique, celui d’un jeune Normand épris d’aventure, devenu en l’espace de dix ans l’un des principaux visages de la conquête de l’espace. Après deux missions dans la Station spatiale internationale, dont il fut le premier Français à prendre le commandement, il se prépare désormais à un départ rêvé vers la Lune, peut-être d’ici à la fin de la décennie… Cette trajectoire extraordinaire, il la doit en partie à sa bonne étoile. Mais plus encore à sa volonté, à sa détermination à surmonter les obstacles, à son obstination à refuser le fatalisme ou à céder au défaitisme. Autant de qualités dont il serait bon de s’inspirer dans notre lutte commune contre le changement climatique.

Depuis l’espace, Thomas Pesquet a pris l’habitude de braquer son appareil photo vers la Terre. L’occasion pour lui de la couver d’un regard inquiet, témoin privilégié des bouleversements qui s’y jouent, ouragans monstres, mégafeux ou sécheresses alarmantes. Mais aussi d’en percevoir la singulière beauté, « petit esquif » au milieu d’une immensité vide qui nous rappelle l’absence d’alternative. C’est pourquoi, dans ce numéro spécial du 1, Thomas Pesquet a tenu à parler d’environnement, et à évoquer les solutions face au changement climatique, au fil d’une rencontre inédite et passionnante avec Jean-Marc Jancovici. Dans ce long entretien croisé, à retrouver en poster, les deux ingénieurs interrogent le secours de la science, mais aussi la relativité du progrès, le combat contre le climatoscepticisme ou la responsabilité de nos élites face aux défis à venir.

À l’heure où le monde résonne du bruit des bombes et des cris de douleur, il pourrait paraître dérisoire d’écouter les paroles d’un astronaute. Il apporte, pourtant, d’autres nouvelles du ciel. Et, avec elles, l’idée d’un monde où les frontières entre les peuples n’existent pas, pas plus que la haine qui les consume. Où l’humanité n’est pas un maigre mot, mais le seul passeport possible pour un avenir plus enthousiasmant. 

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