En Autriche, le train dans la peau

Prendre le train gratuitement en l’échange d’un tatouage ? C’est l’initiative inattendue mise en avant l’été dernier par le ministère de l’Environnement autrichien afin d’encourager les jeunes à utiliser les transports en commun et soutenir le klimaticket (ou « ticket climat »). Ce pass annuel, mis en œuvre depuis 2021, permet en effet aux résidents d’emprunter l’ensemble des transports en commun – trains, métros, bus ou tramways – pour 1 095 euros, soit environ 90 euros par mois ou 3 euros par jour. Des tarifs réduits sont également proposés aux voyageurs âgés de moins de 25 ans et de plus de 65 ans, ainsi qu’aux personnes handicapées. Avec cette mesure, le gouvernement souhaitait dissuader les Autrichiens d’utiliser quotidiennement leur voiture et se rapprocher ainsi de l’objectif national de neutralité climatique en 2040. Plébiscité à son lancement, le « ticket climat » ne serait néanmoins détenu pour l’instant que par un peu moins de 3 % de la population autrichienne. Alors, pour élargir sa portée, en particulier auprès des jeunes, le ministère de l’Environnement proposait l’été dernier d’offrir à quelques volontaires un pass annuel gratuit en échange de l’inscription d’un tatouage du mot klimaticket sur leur corps. Sous le mot d’ordre « Aktion geht unter die Haut » (« L’action dans la peau »), la société qui distribue le pass s’est rendue l’été dernier dans plusieurs festivals de musique afin de promouvoir l’initiative. Et depuis janvier 2024, chaque Autrichien reçoit, le jour de son dix-huitième anniversaire, un « ticket climat » gratuit d’une durée d’un an. 

 

En Espagne, la gratuité sous caution

Aux grands maux les grands remèdes ! En septembre 2022, alors que les conséquences de la pandémie de Covid-19 et le déclenchement de la guerre en Ukraine affectent sensiblement les porte-monnaie des Espagnols, le gouvernement, dirigé par le socialiste Pedro Sánchez, entreprend un vaste chantier pour lutter contre l’inflation. Parmi les mesures proposées figure la gratuité des transports en commun. Le dispositif permet de jouir d’un « bon » valide quatre mois, en échange d’une caution de 10 à 20 euros pour voyager dans les trains de banlieue de Madrid et des grandes métropoles ainsi que dans les trains moyenne distance dans tout le pays. Quelques garanties sont cependant exigées pour favoriser les voyageurs réguliers : il faut, pour récupérer sa caution, avoir effectué au moins 16 trajets pendant la période de validité des abonnements. En 2023, afin de rendre la mesure plus équitable, la gratuité est étendue aux réseaux de cars interurbains financés par l’État. Les abonnements aux trains à grande vitesse de moyenne distance sont également remboursés à hauteur de 50 %. En décembre 2023, le gouvernement a inclus une allocation de 1,44 milliard d’euros dans son plan budgétaire 2024 pour subventionner les transports publics, y compris les billets gratuits dans les trains et les bus et l’aide aux communautés autonomes pour les réductions sur les transports dans leur juridiction. Selon le ministère des Transports, plus de 2,5 millions d’abonnements auraient été distribués depuis septembre 2022. L’attractivité de la mesure aurait-elle eu raison de sa bonne application ? Sur le terrain, certaines lignes de trains de banlieue ou situées sur des axes touristiques sont régulièrement surchargées. 

 

En Allemagne, la liberté par abonnement

Outre-Rhin, les voyageurs peuvent utiliser les transports en commun du pays, à l’exception des trains longue distance, moyennant un abonnement mensuel de 49 euros – 29,40 euros pour les étudiants –, résiliable chaque mois. Instauré en mai 2023, le Deutschlandticket est financé par Berlin et les régions : le coût du dispositif s’élèverait aux alentours de 3 milliards d’euros par an pour près de 11 millions d’abonnés.

Un an plus tôt, entre juin et septembre 2022, un dispositif similaire était « testé », au prix bien inférieur de… 9 euros par mois. Devant le succès de l’initiative, le montant de l’abonnement est réévalué à 49 euros puis commercialisé en mai 2023. Après de vifs débats autour d’une éventuelle augmentation, le gouvernement a finalement décidé de maintenir l’abonnement au même montant pour l’année 2024. La pérennité de cette offre au-delà de 2025 n’est cependant pas assurée, le gouvernement fédéral et les régions s’accordant difficilement sur son financement. Le « D-Ticket » a inspiré à la France son « pass rail », qui permettra à 700 000 jeunes de moins de 27 ans de circuler sur tous les TER et Intercités du pays, en dehors des lignes franciliennes. Mis en vente en juin à un prix de 49 euros, comme en Allemagne, ces « pass » seront expérimentés en juillet et en août prochain, sans garantie de prolongement. 

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