DE QUOI manquons-nous ? Les Anglais ont, paraît-il, beaucoup souffert pendant le confinement en raison de la pénurie de nains de jardin : ils avaient un mal fou à trouver dans le commerce ces petits lutins ventripotents à bonnet rouge et barbe blanche. On imagine tous les dégâts psychologiques causés par une telle frustration ! Heureusement, les conteneurs ont fini par arriver, et les sujets de Sa Gracieuse Majesté ont pu agrémenter leur coin de pelouse de ces bibelots en plastique, résine ou céramique.

Plus préoccupantes sont les carences durables, dont on ne voit pas le bout. Les collectionneurs connaissent bien ce genre de drame. La liste des objets qui manquent à leur collection et qu’ils tentent vainement de se procurer s’appelle la « mancoliste ».

Mais nous ? Quels sont nos besoins essentiels, nous qui ne collectionnons ni les porte-jetons de caddie ni les étiquettes de crème de gruyère ? Plusieurs chercheurs ont établi une hiérarchie de ce qui est nécessaire à l’être humain. Cela commence évidemment par des besoins physiologiques : respirer, boire, manger, éliminer, se mouvoir. Viennent ensuite les besoins de sécurité, d’affection, de participation, de liberté, de création… Ils varient selon les individus et ne sont jamais satisfaits à 100 %.

En réalité, dans nos sociétés d’abondance, les privilégiés que nous sommes connaissent leurs besoins, essentiels, secondaires ou illusoires. La question n’est pas de savoir de quoi on manque, mais de quoi on peut se passer. Sauf que, pour y arriver, survient souvent un manque : manque de jugement, d’imagination ou de volonté.  

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