Avant d’être le trente-sixième « Classique d’animation » des studios Disney, Mulan est une ballade chinoise immensément populaire, qui aurait quelque 1 500 ans. Le nord du pays est alors dominé par les barbares, et l’héroïne se déguise en homme pour remplacer son père à la guerre auprès du Khan. Elle fait partie de ces nouveaux personnages Disney de femmes fortes et libres, loin des vieilles belles au bois dormant. 

Tic, tic ! Tic, tic ! Tic, tic ! Avec quelle énergie
Mulan à sa fenêtre est en train de tisser !
Mais voici que soudain la navette se tait ;
On n’entend maintenant que les pleurs de la fille.


Demandons à la fille à qui donc elle pense,
Demandons à la fille à qui donc elle rêve.
Mais la fille pourtant ne pense à aucun gars,
Mais la fille pourtant ne rêve à aucun gars.


« J’ai vu hier au soir les rôles militaires
Notre Khan en ce jour lève une grande armée.
Les rôles de l’armée comptent douze rouleaux
Et sur chaque rouleau est le nom de mon père.
Mais mon père n’a pas de fils assez âgé
Et sa fille Mulan n’a pas de frère aîné.
J’ai juré d’acheter un cheval, une selle,
Pour partir à la guerre à la place de mon père. »


Sur le marché de l’est elle achète un cheval.
Sur le marché de l’ouest elle achète une selle, 
Sur le marché du sud elle achète une bride,
Sur le marché du nord elle achète un fouet. (...)


Lors ils ont parcouru plus de dix mille lieues,
Et puis ils ont livré mainte et mainte bataille,
Ils ont franchi les monts, ils ont franchi les cols
À l’allure rapide des flèches qui volent,
Le vent du nord portait le fracas des tambours,
Le soleil de l’hiver luisait sur les armures. (...)


Le lièvre pour s’asseoir met ses pattes sous lui
Et les yeux de la hase ont des regards ardents.
Mais quand tous deux ensemble vont courant côte à côte,
Qui saurait distinguer le lièvre de la hase ?

Traduit par François Martin
Anthologie de la poésie chinoise, sous la direction de Rémi Mathieu, « Bibliothèque de la Pléiade » © Éditions Gallimard, 2015

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