Au moment de publier le numéro 400 de notre hebdomadaire le 1, qui marque les huit ans de cette singulière aventure de presse, inutile de dire que notre bonheur est largement contenu dans ce partage que nous vous proposons chaque semaine dans la plus grande indépendance pour choisir nos thèmes de réflexion et la manière, si libre, de les traiter.

C’est une joie à la fois très simple et qui n’était pas donnée d’avance de nous dire que notre proposition éditoriale qui s’adresse tout autant à la sensibilité qu’à l’intelligence de nos lecteurs, à leur exigence aussi, peut rassembler un public assez nombreux et varié pour permettre à cette drôle de feuille pliée en trois, et résolument dénuée de publicité, de se frayer un chemin dans un univers de la presse balloté entre l’explosion des usages numériques, donc dématérialisés, souvent fatals au papier, et une défiance accrue envers les supports de l’information. L’occasion est toute trouvée, avec ce 400e coup de cymbale, de vous remercier, au nom de toute l’équipe du 1, pour votre fidélité et votre curiosité.

Il peut paraître surprenant, voire provocateur, de s’intéresser au bonheur

Entre la guerre en Ukraine, les désenchantements de la politique et les questionnements qui ne manquent pas sur l’avenir de nos sociétés, il peut paraître surprenant, voire provocateur, de s’intéresser au bonheur, et en particulier au bonheur dans notre pays. D’autant que le paradoxe régulièrement observé par les sondages ad hoc depuis le milieu des années 1970 montre que si les Français sont plutôt heureux, ils sont moins enclins à le dire que la plupart de leurs voisins. Et semblent toujours vouloir opposer un certain bonheur individuel, qui existe, à un malheur collectif, sans doute exprimé comme un signe de lucidité ou de propension à se rebeller contre un ordre – ou un désordre – qui viendrait d’en haut. Dans ce contexte, il nous a paru fructueux d’interroger cette notion du bonheur « ici et maintenant » pour mesurer combien cette quête, loin d’être dominante au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, s’est imposée au fil du temps comme une norme, une injonction à être heureux, pour ne pas dire une conversion quasi religieuse dans une société abandonnée par toute idée de transcendance.

« On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait quand il s’en va »

De quoi est fait notre bonheur ? En sollicitant historiens, philosophes ou sociologues d’hier et d’aujourd’hui, nous vous proposons un chemin forcément subjectif de nos « jours heureux », balisé par des éléments chiffrés qui alimentent notre grand poster. Plus on cherche à réunir les ingrédients de notre bonheur, plus on mesure la difficulté à le définir précisément. Si les éléments objectifs existent – le plaisir de vivre entouré de sa famille ou de ses amis, d’avoir un travail épanouissant, les moyens matériels de ses envies, ou encore une bonne santé –, on pourrait aussi le colorer de cette pensée de Prévert : « On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait quand il s’en va. » Puissions-nous le retenir longtemps. 

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