Les nuits claires de l’Atacama et du Mauna Kea
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Les déserts sont de parfaits écrins pour accueillir la quête d’immensité des pèlerins et répondre au besoin en nuits claires des astrophysiciens. Ces scientifiques parcourent la planète, de l’Ouzbékistan aux îles Canaries, en passant par l’Afrique du Sud et l’Australie, pour observer d’un télescope à l’autre les étoiles et les divers objets célestes. Si le vent chargé de sable du Sahara éraille les miroirs en aluminium des optiques, les déserts montagneux offrent les meilleures conditions atmosphériques et logistiques pour construire un télescope et passer des nuits à observer le cosmos.
Pour Laurent Vigroux, astrophysicien et directeur de recherche au Commissariat à l’énergie atomique (CEA), « les deux régions désertiques les plus exceptionnelles au monde » sont le désert d’Atacama, au Chili, et le sommet du Mauna Kea, un volcan endormi sur l’île d’Hawaï (qui fait partie des États-Unis). Ce volcan, dont le nom signifie « montagne blanche » en hawaïen, culmine à 4 207 mètres au-dessus du Pacifique alors que les nuages ne se concentrent jamais au-dessus de 3 000 mètres d’altitude. « Les perturbations atmosphériques sont bloquées au-dessous des nuages, ainsi elles n’absorbent pas la lumière des étoiles », explique le scientifique. Construit à 4 205 mètres, le télescope bénéficie d’une parfaite transparence de l’atmosphère.
Dans le nord du Chili, les montagnes du désert d’Atacama qui s’élèvent jusqu’à 4 678 mètres d’altitude, accueillent sept télescopes internationaux, loin de la luminosité urbaine et des averses. L’hyperaridité de ce désert disperse les pluies vers la cordillère des Andes à l’est et l’océan Pacifique à l’ouest. « Ici, on bénéficie de 320 nuits claires chaque année, poursuit Laurent Vigroux. Alors que dans un climat tempéré, comme celui des Alpes ou des Pyrénées, même si la transparence de l’atmosphère est bonne, seulement 150 nuits sont optimales pour l’observation. »
Si un centre urbain est nécessaire pour la construction d’un télescope et pour garantir les allées et venues des scientifiques, il ne doit jamais se trouver à moins de 100 km. Les lumières nocturnes polluent la clarté des cieux. Avec le temps, les nappes urbaines s’étendent et finissent même par rattraper certains télescopes isolés au moment de leur construction. « Au Chili, ce n’est pas la proximité des villes qui pose problème, reconnaît Laurent Vigroux, mais plutôt celle des mines de métaux. Les lumières des infrastructures extérieures et la poussière nuisent à l’observation des étoiles. » Rien ne semble remplacer le sommet désertique d’un volcan endormi.
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