Après 470 milliards d’euros pour les mesures d’urgence au printemps 2020, l’exécutif a annoncé le 3 septembre un plan de relance de 100 milliards d’euros sur deux ans. Nommé « France Relance », ce plan poursuit l’objectif de « préparer la France à l’horizon 2030 ». Il s’organise autour de trois axes : la transition écologique, la compétitivité, ainsi que la cohésion sociale et territoriale.

« Quoi qu’il en coûte », avait dit le président. Ces annonces se devaient d’être à la hauteur de l’ambition. De nombreux débats existent sur le caractère effectif de ces enveloppes financières. Une partie de ces sommes annoncées ne sont pas proprement des dépenses, mais plutôt des manques à gagner consentis par l’État (liés à des allègements de charges, par exemple). Une autre partie, significative, relève de prêts garantis par l’État (PGE), qui ont vocation à être remboursés par les entreprises.

Au-delà des débats d’experts sur la nature de ces montants, leur commensurabilité interroge le citoyen : comment se figurer ce que ces centaines de milliards d’euros représentent ? Ces ordres de grandeur sont tellement éloignés des perceptions communes, qu’ils ne peuvent que jeter la sidération – en particulier après plusieurs décennies de discours répétés à l’envi sur l’absence de marges de manœuvre budgétaires et sur les nécessaires mesures d’austérité à mettre en œuvre.

Et donc, 100 milliards d’euros, est-ce tant que cela ? Rapporté au budget de l’État, c’est tout de même deux fois le budget annuel de l’Éducation nationale. Dans une perspective plus proche de notre quotidien, ce serait l’équivalent d’un Smic mensuel brut, soit un peu plus de 1 500 euros, pour chacun des 67 millions d’habitants qui peuplent notre pays, régions d’outre-mer incluses. Ce montant correspond également à la somme totale des dépenses réalisées par les ménages français au cours d’un mois. Sans précédent dans l’histoire de notre république, ce plan de relance représente près de quatre fois plus d’argent que le plan de Nicolas Sarkozy après la crise financière de 2008.

Et pourtant, au regard des bénéfices réalisés par les grandes multinationales boostées par la crise sanitaire, ces montants peuvent cesser d’impressionner. Pour ne prendre qu’un exemple, Amazon vient de déclarer sur le seul troisième trimestre 2020 un chiffre d’affaires net monde de 96 milliards de dollars (81 milliards d’euros) et un bénéfice net de 6,3 milliards (5,3 milliards), alors que la flambée des achats en ligne se poursuit. 

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