Êtes-vous jamais allé en Syldavie ? Non ? Mais si, voyons ! Vous avez lu comme tout le monde Tintin et le sceptre d’Ottokar. Et par les moustaches de Plekszy­-Gladz, vous avez frémi en découvrant l’odieux chef du parti la Garde d’acier, le dénommé Müsstler, dont le nom est une contraction de Mussolini et d’Hitler. À moins que vos oreilles aient flanché aux vocalises de la Castafiore pour sa première apparition sous le crayon d’Hergé. Preuve que cet album est placé sous le signe de la terreur… Pour le père de Tintin, Le Sceptre d’Ottokar, publié en 1939, était le récit d’un « Anschluss raté », quelque chose comme l’Allemagne – la Bordurie – qui n’aurait pas réussi à envahir la Syldavie – l’Autriche. Les tintinologues ont toutefois considéré qu’à l’examen des planches, cette Syldavie ressemblait à s’y méprendre à la Roumanie, empruntant sa première syllabe à la Transylvanie et sa deuxième à la Moldavie. D’autres limiers ont reconnu les Balkans et d’abord l’Albanie, le roi Muskar XII du Sceptre ayant des airs du souverain albanais Zog Ier. Et c’est ainsi que le père de Tintin put manifester à la mine de plomb son aversion pour le nationalisme exacerbé, et son attachement à la monarchie, en bon sujet du roi des Belges.

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