Les temps changent. Il y a peu encore, on parlait de « crime passionnel ». L’expression voulait dire : un homme a tué sa femme, il l’aimait trop. Un tribunal à la composition exclusivement masculine examinait son cas et lui trouvait généralement des circonstances atténuantes. Puis on a parlé de « femmes battues » à partir des années 1970. C’était le début d’une lente prise de conscience des violences faites aux femmes. Depuis, des associations féministes ont pris le relais et utilisent le terme de « féminicide » pour marquer le caractère intolérable de ces crimes.

Justifié ou non, ce néologisme a le mérite d’alerter l’opinion, les ministères… bref, le pouvoir. Des décisions sont attendues. L’exécutif a organisé, du 3 septembre au 25 novembre, un Grenelle national sur les violences conjugales. Un grand machin institutionnel relayé dans tout le pays par une centaine de Grenelle locaux. À l’heure où nous imprimons, nous ne connaissons ni les mesures ni les crédits qui seront annoncés, mais les associations, les travailleurs sociaux, les policiers et les magistrats savent bien ce qui est nécessaire pour tenter d’éviter ces crimes d’honneur à l’occidentale : une meilleure écoute dans les commissariats et gendarmeries, la création de lieux d’accueil pour les femmes et leurs enfants qui se sentent en danger, des prises en charge financières immédiates, des mises à l’écart instantanées des maris, concubins et petits amis dangereux, des personnels à l’écoute de situations familiales souvent délicates, etc.

Le tragique décompte des femmes tuées chaque année par leur compagnon ne s’arrêtera pas magiquement du jour au lendemain. Mais l’expérience de pays comme l’Espagne et le Canada montre que l’on peut obtenir des résultats. Encore faut-il ne pas détourner le regard. 

 

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