CONSOMMER moins, mais mieux : c’est la devise de ceux qui militent activement pour une planète responsable et plus égalitaire. Dépollution, dénucléarisation, démondialisation, décroissance, déconsommation, démarchandisation, déconnexion, décélération… De tous les préfixes, « dé- » est aujourd’hui le plus écologique. Mais le fait d’exprimer aussi bien une privation que le retour à un état antérieur l’amène à s’associer à des horreurs : de la déforestation à la désinformation, en passant par la déréglementation, sans parler de l’insupportable dégraissage pratiqué dans des entreprises qui veulent réduire leur masse salariale. Ici, le moins n’a rien de vertueux et n’est certainement pas synonyme de mieux.

Il est passé, le temps où de petits propriétaires baptisaient leur bicoque « Ça m’suffit ». Était-ce un signe de modestie ? De contentement et de sagesse ? Ou un pied de nez aux possesseurs de villas tapageuses, surdimensionnés ? Aujourd’hui, chacun est invité à s’interroger sur le suffisant et le superflu. Tout désir n’est pas forcément un besoin. Et tout besoin n’est pas forcément essentiel, diront les objecteurs de croissance.

On peut diminuer avec plus ou moins d’intensité sa consommation de biens et de services. La sobriété relève d’une échelle de 1 à 7 : mesure, modération, tempérance, frugalité, austérité, abstinence, ascétisme. Mais il ne s’agit pas d’une progression dans la souffrance, nous assurent les adeptes de l’autolimitation qui parlent de frugalité choisie, simplicité volontaire, consommation durable, croissance solidaire, sobriété heureuse… Un net penchant pour le préfixe « dé- » ne les empêche pas de consommer sans modération des adjectifs enchantés. 

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