« L'élection est la condition de la citoyenneté »
« Une personne, une voix » : c'est le principe noble de la politique. Mais une fois au pouvoir, les représentants peuvent faire preuve de dédain pour le peuple qui les a élus. Dans La Société du dédain, le juriste décrypte l'ampleur de ce phénomène et offre des pistes pour le dépasser.
Loin d'être un phénomène inédit dans nos sociétés, le dédain abîme nos relations sociales et fragilise notre pays. Mais comment se caractérise-t-il ? Et comment peut-on aller au-delà ? Dans cet extrait inédit, Christian Vigouroux revient sur l'importance des rendez-vous électoraux et de la responsabilité des élus de respecter les électeurs.
L’élection
Rousseau jeune rêvait de représentants politiques choisis soigneusement : « J’aurais désiré que, pour arrêter les projets intéressés et mal conçus, [...] chacun n’eût pas le pouvoir de proposer de nouvelles lois à sa fantaisie ; que ce droit appartînt aux seuls magistrats (1) ».
À l’heure du tirage au sort et de la célébration de la « démocratie directe », défendons fermement l’élection malgré toutes ses lacunes. Le tirage au sort, généralement mâtiné de répartition socio-économique, emprunte à la logique du sondage, du panel et de l’échantillon. C’est un procédé tourné vers l’économie et la consommation. En adhésion avec les études de marché. Or, en politique, la compétition ouverte vaut mieux que la loterie. De toute manière, la politique ne connaît pas le gros lot. Et l’élection ne vaut pas que par son résultat. Elle apporte, à travers les débats de la campagne, l’irrigation démocratique du choix des candidats géré en principe par les partis politiques. Ceux-ci, contrairement aux « primaires », sont prévus dans la Constitution. Et l’élection ouvre la possible réélection, ce qui implique compte rendu alors que le tirage au sort exclut le retour des mêmes et donc l’expérience politique.
