Le populiste, le facho et l’algorithme d'Italie
Le pays du Mouvement 5 étoiles est devenu le « laboratoire » d'un populisme de plus en plus ancré à droite, aidé par les logiques d'Internet, analyse le journaliste et essayiste Giuliano da Empoli.

Le Mouvement 5 étoiles, en Italie, est l’exemple le plus chimiquement pur du populisme moderne qui finit par converger avec l’extrême droite. Il incarne l’émergence de nouveaux leaders qui ont souvent un bagage politique très restreint. C’était le cas de Donald Trump qui, avant de se présenter à la présidence, n’avait pas de ligne vraiment identifiée. C’est le cas de Beppe Grillo, le leader de 5 Étoiles, qui n’avait pas d’expérience préalable à l’extrême droite, contrairement à Matteo Salvini, le leader de la Lega (la Ligue, ex-Ligue du Nord) en Italie. Ce qui est intéressant est d’abord qu’ils convergent, ensuite la manière dont ils convergent.
La matrice de l’alliance entre 5 Étoiles et la Ligue a été constituée par le lien entre la colère et les algorithmes, un terme que j’utilise pour résumer l’ensemble des modes de fonctionnement de l’Internet, des plateformes aux réseaux. L’émergence du populisme moderne remonte à la fin du monde bipolaire, dans les années 1990. Progressivement, la gauche a perdu sa capacité d’offrir un exutoire aux colères et aux frustrations en promouvant un projet de transformation de la société. Ses partis se sont convertis aux règles du marché et la colère est restée en jachère. Là est le terreau du populisme moderne. L’Italie, pour divers motifs, est devenue le « laboratoire » de ce populisme de plus en plus ancré à droite. Berlusconi, plusieurs fois élu, fut le premier dirigeant de ce type en Europe de l’Ouest depuis la Seconde Guerre mondiale.
Là-dessus s’est ajoutée l’économie de l’algorithme qui agit sur l