Comment faut-il lire les résultats de la gauche aux législatives ? Le ministère de l’Intérieur avait établi dix-neuf « nuances politiques », parmi lesquelles LFI, le PCF, le PS et les Verts figuraient séparément. Accusé de « tripatouillage » par Jean-Luc Mélenchon et désavoué par le Conseil d’État, il a dû revoir sa copie : au lieu de ces différentes étiquettes, déclarées par les candidats lors de leur inscription en préfecture, la Nupes a été comptabilisée comme une nuance unique.

Nuance… Qu’est venu faire ce mot plein de finesse dans une bataille électorale marquée par une diabolisation tous azimuts ? La couleur elle-même, dont la nuance n’est qu’une intensité plus ou moins forte, est très subjective : sa perception varie selon les individus, les circonstances et les époques. C’est encore plus vrai en politique, surtout depuis qu’un certain Emmanuel Macron a fabriqué l’en-même-temps. Si la droite s’affiche toujours en bleu plus ou moins foncé, la gauche en rouge ou en rose, et les Verts en vert, le camp présidentiel réunit cinquante nuances de gris.

Les étiquettes comptent de moins en moins. Se montre-t-on plus nuancé pour autant ?

Le passage d’une couleur à l’autre est de plus en plus fréquent, aussi bien chez les candidats que parmi les électeurs. Il ne s’agit pas de daltonisme, mais de zapping, une inconstance favorisée par le recul des idéologies.

Les étiquettes comptent de moins en moins. Se montre-t-on plus nuancé pour autant ? L’heure n’est pas aux demi-teintes, mais aux tons ardents et vigoureux. La droite bleu Marine étincelle. Les éléphants roses se sont évanouis dans la nature, et la gauche a repris des couleurs, n’hésitant pas à se faire pourpre ou écarlate. Jean-Luc Mélenchon, à qui Marine Le Pen a volé la vedette sur la ligne d’arrivée, ne s’embarrasse toujours pas de nuances, mais, très à cheval sur l’étiquette, il entend tenir son rang d’ex-Premier ministre, et malheur à qui l’oublierait ! 

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