EN CES TEMPS de Covid, les aventuriers de l’espace ne font rien comme tout le monde. Prenez Thomas Pesquet : il sera autorisé à dépasser la limite des 10 kilomètres, pour se confiner pendant plusieurs mois en orbite.

« Alpha », le nom de sa mission, a été choisi parmi… 27 000 propositions, lors d’un concours lancé par l’Agence spatiale européenne. Le jury a été séduit par ce mot, prononcé de la même façon dans toutes les langues. 

Un tel œcuménisme contraste avec la pagaille sémantique que connaît la profession. Pourquoi parle-t-on en français de cosmonautes russes, d’astronautes américains et de spationautes européens ? Ces derniers ont été rebaptisés récemment astronautes, mais leurs collègues chinois sont qualifiés par les médias de taïkonautes et les Indiens de vyomanautes. Qui sait comment on désignera les deux pilotes des Émirats arabes unis qui viennent de rejoindre le demi-millier des scaphandriers de l’espace… 

« C’est le seul exemple d’un nom de métier adapté à la nationalité du professionnel ! remarquait le linguiste Frédéric Allinne. Un danseur, un cuisinier ou un architecte ne changent pas de nom selon leur pays d’origine. Cette lubie est d’autant plus sidérante que la navigation spatiale ne connaît ni frontières ni contours territoriaux. »

Thomas Pesquet n’attache probablement aucune importance à nos ratiocinations sémantiques. Il va voler à bord du Crew Dragon américain avec le même enthousiasme que précédemment sur un Soyouz russe. Citoyen de l’univers, aussi à l’aise pour commenter un match du Super Bowl que pour chanter avec les Enfoirés, il compte des millions d’amis ou de followers sur Facebook et Twitter. Polyglotte, c’est en cinq langues que cette star des réseaux sociaux tutoie les étoiles. 

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