Nous nous souvenons de 2006. Nous avons encore en mémoire les images des débats télévisés de nos premières primaires. Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn nous paraissaient hors d’âge, usés ; Ségolène Royal irradiait. Nous découvrions les charmes des joutes internes en direct et le choix ne semblait faire aucun doute : celui de la nouveauté. L’appel de l’air frais. Une prime à la jeunesse. Advienne que pourra.

Puis vint 2011. François Hollande contre Martine Aubry. Martine Aubry contre François Hollande. La carnassière contre le mou. À nouveau la ronde télévisuelle, le vertige des visages en plan rapproché et le verdict. Les militants et les sympathisants de gauche élisent François, le moins expérimenté, le plus innocent. Jamais ministre, aucune expérience de l’État. Tout désigné pour l’emporter.

Ainsi vont les primaires bien nommées. Nous cédons avec délice à cette odeur de poudre électorale pré--présidentielle. Qui ne se laisse happer par ce long feuilleton ? Les chaînes de télévision pourvoient à tout, festin d’images livrées à domicile. Gratuitement. Qui dit mieux ? Le temps politique, déjà terriblement rétréci, se contracte encore et bégaie.

Nul besoin d’un destin, d’une vision, encore moins d’un programme pour l’emporter. Place au storytelling. À ce compte-là, Raymond Barre aurait écopé d’un zéro pointé. F-rançois -Mitterrand eût été renvoyé à son passé. Et sans doute aurions-nous même récusé le général de Gaulle, ce vieux cheval de retour. 

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