Le mécanisme des primaires ouvertes a été introduit dans la vie politique italienne au milieu des années 2000 par Arturo Parisi, un politologue qui a été, avec Romano Prodi, un des fondateurs de l’Ulivo (un des ancêtres du Parti démocrate). 

Les primaires ont été inaugurées au printemps 2005 afin de désigner les candidats du centre gauche pour les élections régionales dans les Pouilles et en Calabre. Toutefois, le vrai baptême de cet instrument au niveau national eut lieu en octobre de cette même année pour « sacrer » l’investiture de Romano Prodi comme porte-drapeau du centre gauche aux législatives de 2006 qu’il gagna face à Berlusconi. 

Ce premier test à l’échelle du pays représenta un véritable succès mobilisant 4 311 149 électeurs, un chiffre inégalé lors des exercices successifs suivants. Depuis sa mise en place en 2005, il y a eu, en effet, à gauche, 31 autres consultations de ce type dont 4 au niveau national et les primaires se sont imposées comme un passage obligé dans la sélection des candidats. 

À droite, où le leadership de Berlusconi était solidement installé, elles ont été utilisées deux fois seulement. En décembre 2013, pour élire le nouveau secrétaire fédéral de la Ligue du Nord et en février 2014 pour désigner le président de Fratelli d’Italia (« Frères d’Italie »), un petit parti d’extrême droite.

L’arrivée sur la scène politique de Matteo Renzi, dont on célèbre actuellement les deux ans d’accession au pouvoir, s’est faite grâce aux primaires. En 2009, contre toute attente, en effet, il bat le candidat officiel du parti pour la mairie de Florence, et c’est de ce poste qu’il conduira son offensive pour la conquête du Parti démocrate. Celle-ci sera enfin obtenue par la primaire de décembre 2013 après un premier échec (au deuxième tour) une année plus tôt. Les primaires représentent un des principaux instruments de son entreprise pour le renouvellement de la classe dirigeante du parti qui va sous le nom, efficace à défaut d’être élégant, de rottamazione (littéralement « mise à la casse »). 

Même si à gauche les primaires ont soulevé quelques critiques (notamment au niveau local et dans le Sud, à cause des risques de manipulation et de corruption), cet instrument a connu une nouvelle application avec l’arrivée du Mouvement 5 étoiles fondé en 2009 par l’homme de spectacle Beppe Grillo. En effet, pour ce nouveau groupement politique, la consultation, exclusivement en ligne et réservée aux seuls adhérents, est la règle pour désigner les candidats. La participation à ce type de consultation a été variable, allant de 64 % des militants pour les primaires législatives de décembre 2012 à 32 % pour celles qui ont précédé le scrutin -européen…

Quoi qu’il en soit, il est certain que les primaires ont trouvé en Italie un des terrains d’épanouissement les plus fertiles en Europe. Et l’on attend seulement le moment du retrait définitif de Silvio Berlusconi de l’arène politique pour assister également à leur développement sur le versant droit de l’échiquier politique. 

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