La vieille technique du porte-à-porte en politique suscite de nouveau l’intérêt. Lors de la première campagne présidentielle de Barack Obama, en 2008, 1,2 million de volontaires démocrates s’étaient mobilisés pour inciter les électeurs à voter. Parmi eux, Guillaume Liegey, un Français. « Participer à une campagne, c’est pas facile, se souvient-il. On a l’impression qu’il faut être un grand débatteur ou militant. Aux États-Unis, il suffisait de remplir un formulaire et dans l’heure, un mobilisateur vous appelait pour vous proposer une session de porte-à-porte. » Il n’est pas le seul Français séduit : un de ses camarades d’Harvard, Arthur Muller, et Vincent Pons, qui s’est spécialisé en économétrie au MIT, s’enthousiasment aussi. À leur retour en France, ils décident d’y importer la « méthode Obama » en lançant une start-up de stratégie électorale : Liegey Muller Pons. 

Le cofondateur dit vouloir « réengager les gens ». Et faire gagner des voix à ses clients, les partis politiques, en leur indiquant à quelles portes toquer. Leur logiciel 50+1 se fonde sur un système de ciblage. Ils repèrent les bureaux de vote au fort taux d’abstention et collectent les données publiques sur la composition de la population de ces bureaux (niveau de revenu, niveau d’éducation, taux de chômage). Les analystes définissent ensuite laquelle de ces variables a le plus influencé le résultat des élections passées. « On projette notre analyse sur les données actuelles pour prédire ­l’élection à venir », explique Guillaume Liegey. Le rendu est visualisé sur une carte, avec un code couleur mettant en évidence les bureaux de vote sur lesquels il faudra ­travailler en priorité. Un gain de temps pour les partis politiques lors de l’organisation des ­campagnes. 

« Que de vrais gens parlent à de vrais gens, c’est bien plus puissant », assure Guillaume Liegey. Selon lui, cinq minutes de porte-à-porte permettent de convaincre un abstentionniste sur quatorze alors que le phoning n’en persuade qu’un sur quarante et le mail un sur cent mille. La start-up forme les militants recrutés pour une campagne. « On leur conseille d’expliquer pourquoi eux militent… C’est du storytelling et ça marche quelle que soit la couleur politique. » Et quelle que soit la culture nationale, l’entreprise travaillant dans quatorze pays européens. 

Pour Guillaume Liegey, la formule plaît aux militants car elle les stimule. « Ils sortent de leur entre-soi, ils voient des gens de milieux sociaux différents et comprennent à quoi leur engagement sert. » En 2012, lors de la campagne de François Hollande, ils ont frappé à cinq millions de portes. Lors des dernières élections régionales, sept équipes du Parti socialiste sur treize ont eu recours à leurs services. Avec des résultats mitigés. 

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