Le bon vieux Robert donne pour première définition de l’urne : « vase qui sert à renfermer les cendres d’un mort ». Ou alors de quelques moribondes, s’agissant de nos démocraties atones. Le dictionnaire précise ensuite que le mot urne peut aussi désigner un vase à flancs arrondis. Une de ces amphores opaques – on ne parlait pas encore de transparence – au fond desquelles les citoyens de la Grèce antique jetaient jadis leurs jetons. C’est seulement la troisième définition de l’urne retenue par le Robert qui nous conduit vers cette boîte « dont le couvercle est muni d’une fente, où l’on dépose des bulletins de vote, de jeu ». Associer les deux termes, vote et jeu, est une vérité aussi cruelle que sans doute involontaire. On se demande bien à quoi jouent des bataillons entiers d’électeurs quand précisément ils s’approchent des urnes ou au contraire s’en tiennent éloignés, laissant le champ libre aux idées les plus étroites, aux instincts les plus haineux. L’histoire a retenu que nos voisins anglais ont les premiers institué le vote à bulletin secret (Secret Ballot Act), en 1872. Et que Pontefract, une petite cité du Yorkshire, inventa la « ballot box ». La précieuse boîte en bois fut scellée à la réglisse, la spécialité de Pontefract, pour éviter fraude et artefact…

 

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