L’Arabie saoudite est le seul État au monde qui porte le nom de la famille qui en a assuré la formation – un processus initié au xviiie siècle, à partir du foyer central du Nedj, autour de Dariya, ville voisine de Riyad, par l’alliance entre Mohammed ben Saoud et le cheikh Mohammed ben Abd Al-Wahhab, promoteur d’une version rigoriste de l’islam, qui permit de repousser les troupes ­ottomanes (1744).

La rivalité entre les Britanniques soucieux de maîtriser les routes terrestres et maritimes des Indes et l’Empire ottoman déclinant, mais ayant un contrôle nominal sur l’Arabie, a permis à Abdel Aziz  ben Saoud (ou Ibn Séoud) de reprendre et d’élargir le domaine de ses ancêtres, à partir de la reconquête de Riyad en 1902, à 22 ans avec quelques dizaines d’hommes. En 1913, il conquiert le Hasa, province côtière chiite du Golfe, puis avec la création du mouvement Ikhwan il impose aux tribus bédouines une identité nouvelle, le wahhabisme, pour dépasser leurs divisions et créer avec ces soldats puritains des colonies dans les oasis à la faveur de l’échec des Ottomans : extension vers le djebel Shammar et Hail contre l’ennemi ben Rachid (1920), puis montée vers les rives de l’Euphrate, vers Jawf ensuite, dans le Wadi Sirhan, sur la route menant à Damas. Ibn Séoud fut bloqué par Londres avant Amman et obtint, en échange d’un recul de 150 kilomètres depuis l’Euphrate, le contrôle des deux tiers du Koweït. Il s’attaqua ensuite, à partir de 1924, au Hedjaz, à l’ouest (Médine, La Mecque et le port de Djeddah) tenu par le chérif Hussein puis, après les découvertes de gisements de pétrole, étendit son territoire au désert du Rub al-Khali et au Dhofar, aux dépens du sultanat d’Oman, mais dut stopper sa progression en direction des émirats tenus par Londres. Il annexa enfin la province yéménite d’Asir en 1934. Après la mort d’Ibn Séoud en 1953, puis les indépendances des émirats côtiers (Bahreïn, Qatar, Émirats arabes unis) octroyées par Londres dans les années 1970, les contentieux frontaliers se multiplièrent avec l’Iran du chah (au sujet de Bahreïn) et les nouveaux États. Les règlements définitifs de frontières furent agréés en 1965 avec le Qatar, en 1974 avec les Émirats arabes unis et seulement en 2000 avec le Yémen.

L’avènement du nouveau roi Salman ben Abdel Aziz Al-Saoud prolonge le pacte fondamental liant la famille Al-Saoud au clergé wahhabite, hier pour la formation d’un État, aujourd’hui pour la stabilité sociale et politique, ce pacte servant de ciment national et ayant permis d’englober et de dépasser des allégeances primaires qui sont d’abord familiales, puis tribales, régionales et seulement après nationales. Pour la famille Al-Saoud, le rigorisme religieux est d’abord, et dès l’origine, un outil de cohésion géopolitique interne. 

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