Quel visage pour la France en ce début 2016 ? Celui de la division entre Français « de souche » et bi-nationaux qu’une procédure de déchéance de nationalité pourra viser s’ils bafouent l’« âme française ». Que de passions soudain déchaînées ! Après tout, qu’y-a-t-il de choquant à vouloir exclure de la communauté nationale des individus prêts à tuer froidement des citoyens français ? Pratiquée dans d’autres circonstances par Vichy, prônée par la droite la plus radicale, la déchéance de nationalité porte un lourd héritage. Est-ce une raison pour ne pas lui redonner vigueur, et rehausser du même coup la valeur de la nationalité ? En réalité, François Hollande a déclenché un séisme chez ceux qui placent l’égalité des citoyens au sommet des règles républicaines. Certes, la procédure de déchéance de nationalité figure déjà dans notre droit civil. La graver – l’aggraver – dans le marbre de la Constitution, c’est lui donner une force plus que symbolique. C’est instiller l’idée qu’il existerait en France des citoyens du cru, indéfectibles, et des demi-citoyens, révocables, un droit du sang plus fort que le droit du sol. Une déchéance des droits civiques n’aurait-elle pas le même impact, sans pour autant stigmatiser les 3,3 millions de bi-nationaux que compte la France ? Si notre civilisation est attaquée, ce n’est pas en la trahissant qu’on la défendra mieux. La République, une et indivisible, suppose une citoyenneté unifiée sinon unique. Prendrons-nous le risque de la diviser, que la France en sortira affaiblie. 

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