Après des sondages contradictoires,

Après avoir évoqué la vague bleue qui devait engloutir les derniers espoirs d’une gauche déboussolée, 

À l’issue d’une campagne, dont la médiocrité a atteint des sommets, les instituts se sont retrouvés d’accord sur un point, le Front national sorti des urnes est bien le premier parti de France. 

Ne l’avait-on pas tant redouté ? 

On ne parlait que de lui.

M. Sarkozy tout autant que M. Valls en premier lieu. Et Marine Le Pen de s’extasier : si on ne parle que de nous, c’est bien parce que nous pesons lourd :

  • près de 40 % des ouvriers ;
  • une partie importante de la jeunesse ;
  • les classes moyennes inférieures (petits commerçants, artisans, employés et même, ô surprise, une fraction non négligeable de nos fonctionnaires).

 

Bref tous ceux qui ont souffert de la modernité, tous ceux auxquels on n’a pas expliqué les bouleversements qui ébranlent la planète :

  • les conséquences de la mondialisation, réalité prégnante (et non pas choix de société), inévitable et qui va même en s’accélérant, provoquant un rejet imbécile qui oublie que, depuis plus de vingt ans, la misère dans le monde a diminué de moitié, offrant de nouvelles perspectives pour les pays évolués et bousculant les règles traditionnelles des échanges commerciaux ;
  • la montée des technologies de pointe dans les secteurs innovants, qui fragilisent tous ceux qui n’y étaient pas préparés ; 
  • l’immense succès de l’immatériel, l’ubérisation des sociétés de transport (Uber, numéro 1 mondial sans posséder une seule voiture).

 

Les partis politiques en particulier et une partie de nos élites en général sont responsables de cette incroyable inculture, inculture qui conduit à l’extrême violence d’une contestation radicale.

Le Front national se nourrit de tous les laissés-pour-compte de la croissance. 

Il alimente le rejet des gros par :

  • les petits agriculteurs qui n’ont pas opéré leur modernisation ;
  • les petits commerçants mal placés dans la féroce lutte des prix engagée par les grands distributeurs ;
  • les petits artisans peu préparés aux nouvelles technologies ;
  • les employés sans espoir de promotion.

 

Tous ceux-là sont tellement désespérés qu’ils pensent n’avoir rien à perdre face à un changement radical. Ils ne croient plus à rien, c’est l’isolement dans le refuge de la débrouillardise où ils espèrent que tout peut encore changer, et soutiennent le Front national. 

 

Nos difficultés : c’est la faute à l’Europe et à ses normes contraignantes dictées par l’Allemagne et les banquiers, la faute à l’euro qui nous paralyse. 

 

Le Front national fait alors les promesses saugrenues d’un Parti communiste d’une époque révolue :

  • oui à la retraite à 60 ans ;
  • vos banquiers font la sourde oreille et ne prêtent qu’aux riches. On les nationalisera pour répondre à vos besoins.

 

Et paradoxe, ces inepties sont proférées au moment où les signes de faiblesse apparaissent un peu partout dans le monde : 

 

  • dans les pays émergents minés tantôt par la démagogie, tantôt par la corruption ;
  • en Orient, dans une Chine frappée par une surproduction mal maîtrisée, en proie à des conflits internes, obligée de réduire la voilure ;
  • en Europe où une intégration trop rapide fait apparaître des failles de culture et l’importante montée des populismes.

 

Dans un monde en ébullition dont l’interdépendance et la complexité s’amplifient, il nous faut d’abord afficher nos priorités. 

 

Nous avons plus que jamais besoin d’ouverture, de permettre à nos entreprises les plus performantes d’exporter les meilleurs de nos produits et ainsi de créer les emplois qui nous manquent tant, de multiplier nos échanges, d’investir en Afrique dont les besoins sont immenses et dont la population a le plus fort taux d’accroissement. 

 

Au lieu d’analyser sans cesse le vote Front national et même de tenter de s’en rapprocher pour peut-être en recueillir les fruits, il convient d’abord d’identifier nos faiblesses, dont il se nourrit, et de les stigmatiser haut et fort. 

 

En octobre, notre taux de chômage a été le plus élevé depuis 1987. Nous avons battu, avec 42 000 demandeurs d’emploi, un triste record alors qu’en Allemagne le chômage reculait.

C’est à notre manque de courage pour aborder les vrais problèmes qu’est due notre faiblesse. 

 

57 % de prélèvements obligatoires, cela place la France en deuxième position parmi les pays développés.

C’est l’asphyxie de notre économie et il faut très vite s’attaquer à la réduire quel qu’en soit le prix. 

 

2 100 milliards de dettes, ce sont nos enfants qui en feront les frais et il faut inverser la courbe. Notre administration pléthorique, jouissant de privilèges exorbitants, ne pourra se maintenir en l’état.

 

Quant au chômage, il ne se réduira qu’à partir de réformes structurelles qu’on évoque en permanence sans jamais les réaliser. 

Sur le plan social, la flexibilité du travail est la seule manière de faciliter l’embauche dans les entreprises. Négociations entre acteurs sociaux en place d’une législation désuète. 

L’investissement dans le secteur de production, seul moyen d’améliorer notre croissance. 

Dire et faire cela au lieu d’annoncer des mesurettes à fins électorales. 

 

Dire la vérité sur notre situation réelle est un premier devoir. 

Annoncer des mesures radicales, même impopulaires, en est un autre. 

Pierre Mendès France est toujours présent : « Gouverner, c’est choisir. »

 

Oui à la sécurité renforcée,

Oui à un filtrage des migrants, 

Oui à un effort militaire.

Tout ceci est nécessaire pour répondre à la violence de Daech. 

C’est, hélas, une œuvre de longue haleine. 

Mais il est une autre violence, celle qui ressort des urnes et des enquêtes, celle de tous les laissés-pour-compte, prêts à la révolte. 

La France qui gronde oblige à une réponse rapide : la vérité d’abord, les mesures d’urgence ensuite. Le pays ne peut plus attendre et exige un message fort. 

 

Puisse-t-il être : non à la fermeture qui conduit à notre déclin, oui à l’ouverture, nécessité vitale qui est aussi la voie d’un progressisme moderne.  

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