Nous voici donc entre les deux tours de scrutin des élections régionales avec, en perspective, de nouvelles régions, mais sans savoir encore clairement ce que sera la répartition des différents services entre les grandes villes. On ne peut pas imaginer une situation plus ubuesque ! Votez, c’est votre droit, on vous dira ce que l’on fera ultérieurement. 

Voilà donc un scrutin censé désigner celles et ceux qui dirigeront les régions. Seulement, qui vote et qui ne vote pas, quand on connaît le taux d’abstention ? Parmi les premiers, est-ce que les choix sont motivés par de réels enjeux régionaux ou des considérations nationales exacerbées après les attentats abominables du 13 novembre et la question du FN ?

Que peuvent faire dans ce contexte des régions dont les ressources comme les profils démographiques, socio­logiques et économiques diffèrent considérablement ? C’est là qu’on assiste à une prise de conscience silencieuse et agissante qui s’accompagne d’initiatives sociétales et économiques nouvelles. Une grande partie de la population n’attend plus rien de l’État-providence et de ses affidés, issus de tous ces grands corps malades pétris du poids de tous leurs acquis et qui semblent ne rien ­comprendre aux changements en cours.

Nous avons déjà changé de civilisation. Cela commence par la diffusion de nouvelles technologies qui impactent, par leurs usages, tous les aspects de nos vies : communication (NTIC), connaissances (NBIC et tous les autres), réseaux, moyens de production, art, mode, commerce, banque, famille, enseignement, santé, transport … En d’autres termes, la société a changé sans que cela résulte d’une action politique et selon un processus tout à fait darwinien : l’apparition d’inventions qui, par la voie de la sélection ­qu’effectuent les personnes – les usages donc –, deviennent un tissu d’innovations qui modifient rapidement la société. Et c’est ainsi que l’idée de progrès – une action visant à changer la société par la volonté consciente des hommes – cède devant le processus bien plus puissant et universel de l’évolution. 

L’État n’a plus les moyens de soutenir ses obligations sociétales et n’a rien trouvé de mieux que de se décharger sur les collectivités locales. Alors, ces collectivités et leurs acteurs ont compris qu’ils devaient compter sur eux-mêmes et libérer leur créativité comme leur solidarité. Voilà un signe très significatif d’un changement de société aperçu du côté des Restos du cœur et de toujours plus d’associations et, encore plus significatif, de nombreuses entreprises. Car les nouvelles technologies et les réseaux permettent de créer des entreprises avec un très faible investissement en levant assez facilement les fonds nécessaires. Des femmes et des hommes se lancent dans un entrepreneuriat créatif et motivé par des enjeux sociétaux et environnementaux ; ce qui veut dire qu’ils n’ont pas besoin de quémander des subventions et que leurs actions bénéficient à tous. Et nos politiques dans tout cela ? 

Les régions et les collectivités locales vont, on l’espère, favoriser toutes ces démarches entrepreneuriales, notamment au niveau des communautés urbaines. Si l’État se montre capable de redéfinir le périmètre de ses fonctions vitales pour la nation et laisse toute latitude aux régions et aux collectivités locales pour libérer leurs créativités entrepreneuriales et sociétales, ce sera une vraie révolution pour l’avenir. 

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