– Réfugiés politiques, réfugiés économiques, réfugiés climatiques… Vous verrez que, demain, on nous demandera de recevoir des réfugiés linguistiques ou gastronomiques.

– Votre cynisme est scandaleux !

– La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde. C’est un homme de gauche qui l’a dit.

– On n’a retenu que la moitié de la phrase de Michel Rocard, comme il ne cesse de le répéter. Il avait dit : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre fidèlement sa part. »

– Faux. Le 3 décembre 1989, Rocard, alors Premier ministre, affirmait : « Nous ne pouvons pas héberger toute la misère du monde. La France doit rester une terre d’asile, mais pas plus. » Et le 7 janvier suivant : « Je l’ai déjà dit et je le réaffirme : quelque généreux qu’on soit, nous ne pouvons accueillir toute la misère du monde. » Point final. Qui croire ? Michel Rocard ou Rocard Michel ?

– L’un et l’autre. Arrêtons d’être hypocrites. Nous savons parfaitement : un, que la France ne peut pas accueillir le centième de la misère du monde ; deux, qu’elle ne peut pas renvoyer chez eux des malheureux qui sont venus au péril de leur vie, même quand ils ne relèvent pas du statut de réfugié.

– Nos dirigeants ne sont pas clairs.

– Forcément. On leur demande, à la fois, de l’humanité et un sens de l’État. Qui possède vraiment la solution d’un drame aussi complexe, appelé peut-être à prendre d’autres dimensions ? Méfions-nous des « Il n’y a qu’à », de gauche comme de droite. Je serais rassuré par un dirigeant ou un spécialiste qui, pour une fois, viendrait m’exposer ses doutes. 

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