Oui, nous sommes en colère, et beaucoup plus que vous ne l’imaginez. La crise porcine est une insupportable réalité. Toute la Bretagne se mobilise, dans un ras-le-bol croissant.

Jusqu’à quand subirons-­nous le diktat de ceux qui décident de notre sort ? Non seulement on nous exploite, mais on nous humilie. Les services que nous rendons à la nation ne sont pas reconnus.

Entendez-vous les grognements qui se multiplient, de Roscoff à Loudéac ? La colère ne cesse de monter dans les porcheries. On se fait du gras sur notre dos et nos conditions de vie sont déplorables. L’élevage en plein air ne concerne qu’une infime minorité d’entre nous.

Faut-il rappeler que nous sommes les principaux acteurs de la filière porcine ? On déguste notre chair, nos abats, notre tête et même nos pieds. « Tout est bon dans le cochon », disent les gastronomes, qui se gardent bien pourtant de manger comme des porcs. Avec notre peau, on fait de la gélatine ; nos soies permettent de fabriquer pinceaux et brosses ; et les sols sont fertilisés avec l’odorant lisier que nous produisons. Sommes-nous respectés par tout le monde pour autant ? Des populations entières nous jugent impurs, en s’appuyant sur la Bible et le Coran, comme si le Créateur n’était pas à l’origine de notre présence sur terre !

Finalement, la crise porcine n’est pas une question matérielle : c’est un peu de considération que nous réclamons. On nous gave de vitamines et d’antibiotiques, mais jamais une sucrerie, une douceur. Pourquoi ne donnerait-on pas, de temps en temps, de la confiture aux cochons ? 

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