C’est étrange un entretien. Vous l’avez demandé, attendu ; vous avez espéré, presque renoncé. Enfin, on vous dit oui. Vous préparez vos questions et le grand jour arrive. Bercy ! Ministère de l’Économie. Vous voilà Lilliputien au pays de Paul Chemetov, l’architecte des lieux. Vous voilà projeté dans le bureau ­ministériel : il surgit et vous êtes pris au dépourvu. Ce qui vous surprend le plus, c’est sa poignée de main. Pas une poignée de main ministérielle, pas une poignée de convention. Une vraie poignée de main conviviale, presque amicale. Son regard se pose sur le vôtre, une fraction de seconde. Bleu intense, mais rien de surjoué.

Nous sommes déjà assis, lui au milieu d’un canapé, nous dans des fauteuils, de part et d’autre. Et l’interview démarre sur le champ, après une mince minute d’échange sur le 1. C’est si rapide un entretien – et si calme, si apaisé cette fois. Il parle d’une autre de ses vies, sa vie d’étudiant, sa vie d’avant ; il en parle sobrement et l’on sent que cette vie est encore la sienne… Politique, il l’est. Économiste, on l’espère. Philosophe, au sens où le terme est improprement utilisé aujourd’hui, aussi.

Ce ne fut pas un entretien, mais une rencontre. Pas d’affectation. Pas de mise en scène. Pas d’opération de charme, même s’il en est pourvu. Ce fut une conversation intense et détendue. Une parenthèse d’une heure dans la vie d’un ministre. 

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