Le laboureur de La Fontaine, sentant sa mort prochaine, n’a pas dit à ses enfants : « Travaillez plus pour gagner plus. » Son exhortation était, à la fois, plus obscure et plus subtile : « Travaillez, prenez de la peine, c’est le fonds qui manque le moins. »

Aussitôt, les héritiers se sont mis à creuser, bêcher, fouiller, à la recherche d’un magot. Ils ont si bien retourné le champ paternel que celui-ci a rapporté davantage que les années précédentes. Morale de la fable : le trésor n’est autre que le travail lui-même. 

Allez l’expliquer aux chômeurs qui ont élu domicile à Pôle emploi ! Ils vous diront que ce poème n’a ni rime ni raison : le travail est, certes, un trésor, mais un trésor inaccessible. Où est la pelle ? Où est la bêche ? Et quel champ labourer ?

La Fontaine ne se contente pas de célébrer le travail : il aggrave son cas en vantant les mérites de l’épargne. L’hiver venu, la cigale va crier famine chez la fourmi sa voisine, et elle se fait joliment rembarrer. « Vous avez chanté tout l’été ? Eh bien, dansez maintenant ! » Certes, certes… Mais que fait-on, monsieur le moraliste, quand on a tiré la langue tout l’été sans avoir pu mettre un centime de côté ?

Ne reste plus alors que la ruse. Le corbeau sur son arbre perché, qui mange un fromage, va se le faire chourer par Maître Renard, habile flatteur, qui aimerait entendre son joli croassement. Attention, ici, c’est pour rire. Il ne faudrait surtout pas que les demandeurs d’emploi s’imaginent régler leur problème en incitant les employeurs à chanter. Cette invitation insolite passerait immédiatement pour du chantage. 

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