Écouter Le Messie de Haendel – le père de l’oratorio anglais – outre-Manche est un must : la salle entière se soulève et entonne l’Alléluia. Par cœur, of course. C’est d’ailleurs autour de Haendel que la tradition chorale anglaise s’est développée dès la fin du xviiie siècle. Dans l’Angleterre victorienne, les ouvriers se réunissent dans des chœurs amateurs vantés pour leurs vertus moralisatrices.

L’invention du « Tonic Sol-Fa », une méthode d’apprentissage de la musique mise au point par le pasteur John Curwen, met le chant à la portée des classes populaires. « Le chant choral possède des implications énormes pour l’intégration sociale et l’alphabétisation au xixe siècle et au début du xxe siècle », souligne John Butt, titulaire de la chaire de musique de l’université de Glasgow. À ces pratiques amateur, s’ajoute la tradition des chœurs universitaires et de cathédrale. Elle se perpétue aujourd’hui, à l’instar du chœur masculin du King’s College de Cambridge – le mythe dans sa ­quintessence. 

Mais la fréquentation globale des concerts est à la baisse, comme le nombre de chanteurs. « La tradition chorale concerne désormais les classes sociales favorisées », observe Suzanne Aspden, professeur de musicologie à l’université d’Oxford. Cependant, on trouve encore aujourd’hui des événements « babyloniens », évoquant les grandes heures du Crystal Palace de Londres au temps d’Elgar (1857-1934) et de Vaughan Williams (1872-1958). Chaque année, 40 000 personnes se réunissent dans la capitale pour la dernière nuit des BBC Proms – un festival très populaire de musique classique. Drapeau à la main, la foule chante entre les pelouses d’Hyde Park et le Royal Albert Hall Land of Hope and Glory d’Elgar. Frisson garanti. 

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