Avez-vous remarqué comme nos villes se parent doucement de nouveaux espaces d’échange et de convivialité ? Façonnées par l’évolution des techniques et des modes de production d’énergie et de communication, elles voient aujourd’hui apparaître de nouveaux lieux et de nouvelles pratiques directement inspirées par l’économie du partage.

À Bordeaux par exemple, une vingtaine de « boîtes à lire » sont apparues dans les rues et les parcs depuis 2010 afin de mettre des livres à disposition des promeneurs. Bien avant que n’apparaisse la Bluecub (petite sœur de l’Autolib parisienne), des places de stationnement étaient déjà réservées pour les voitures en autopartage avec abonnement (du réseau Citiz). Sans parler des VCub, vélos en libre-service qui sont venus étoffer l’offre de prêt gratuit de vélos proposée par la mairie depuis 2001. Les travailleurs indépendants et les entreprises peuvent aussi maintenant bénéficier d’une vingtaine d’espaces de coworking, tels le Node, Darwin, Com la Lune, la Ruche, la Girafe, etc. Autant de lieux conçus comme des éco-systèmes fertiles croisant compétences et désir de ne plus travailler dans son coin. Tout cela pendant que bidouilleurs et férus d’informatique commencent à se retrouver tantôt dans des fabs labs [lieux collaboratifs ouverts de recyclage et de création d’objets à l’aide d’outils de fabrication numérique], tantôt au sein de « recycleries » telles la Recyclerie solidaire ou Récup’R où l’on répare ou crée des objets, bien souvent à partirde récup’.

À l’étranger, on parle de shared city pour qualifier ce phénomène né de la crise et de la multiplication des possibilités d’échange de biens, de services ou de connaissances entre particuliers. À Séoul, l’une des villes les plus connectées mais aussi les plus denses au monde (13 000 habitants au kilomètre carré), le maire entend s’appuyer sur cette tendance pour recréer un sens de la communauté. Un comité de promotion du partage a été chargé de diffuser cette logique dans tous les secteurs – académique, juridique, médiatique, médical, dans les transports ou la santé, etc. La plate-forme Creative Commons Korea (CCK) permet de partager des informations sur le « Sharing City project » et un répertoire donne accès à l’ensemble des initiatives de la ville.

À San Francisco, où est né le site pionnier de la location de logements entre particuliers Airbnb, le sujet est surtout porté par les entreprises du secteur. Son PDG, Brian Chesky, vient de s’engager à récolter une taxe permettant de soutenir des projets locaux dans la ville. Il affirme aussi vouloir développer la sécurité des logements en imposant l’installation de détecteurs de fumée. 

En Espagne, à Barcelone, les politiques d’urbanisme cherchent à rendre la ville plus autonome et résiliente. Un conseil mixte a été mis en place entre pouvoirs publics, entreprises, organisations indépendantes et usagers afin de promouvoir une vision plus partagée de la ville et de créer des territoires plus productifs. Les architectes impliqués dans cette approche souhaitent utiliser des terrains vierges pour créer des projets participatifs de construction : à terme, il est même prévu d’avoir un fab lab dans chaque quartier de la cité catalane.

Progressivement, les citoyens se réapproprient l’espace public. Le dialogue dépasse la simple concertation, les outils numériques facilitent les échanges et la remontée d’informations ; unepartie des budgets, comme récemment à Paris, peut être allouée de manière participative...La « participolis » serait-elle en marche ? 

 

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