En tant que chroniqueur du 1, je suis naturellement courtisé par des groupes de pression. Ils pensent – et ils n’ont pas tort – que je dois avoir mon mot à dire dans ce journal. J’ai été approché successivement par ceux qui critiquent la feuille unique et ceux qui réclament de la publicité.

Le lobby anti-pliure m’a offert un voyage en métro, sur la ligne 1, pour me démontrer qu’il est impossible d’accéder au poster central sans gêner ses voisins. Échec total. Loin de protester, le passager qui partageait ma banquette s’est plongé dans l’article de droite, tandis que ceux qui me faisaient face se sont mis à lire les pages 2 et 3 sans même m’en demander l’autorisation.

Le lobby pro-publicité, lui, se dépense sans compter. Je suis harcelé de coups de téléphone, couvert d’invitations, entre les déjeuners chez Taillevent ou Robuchon, les soirées à l’Opéra et les voyages aux Antilles. « Pourquoi le 1 se prive-t-il d’une source de revenus appréciable ? me demandent des gens très séduisants. En quoi son indépendance serait-elle menacée par la réclame ? Et de quel droit privez-vous vos lecteurs de cette source d’information essentielle qu’est la publicité dans une société démocratique et de progrès ? »

Je réfléchissais hier à ces remarques de bon sens. Après tout, si ces entêtés de Fottorino et Greilsamer ne changent pas d’avis, devrais-je m’interdire de servir la démocratie et le progrès dans cette chronique ? Il suffirait de le faire entre les lignes. « Le mot », devenu à demi-mot, intéresserait tous les lobbies, du tabac au nucléaire, et mon pouvoir en serait doublé. 

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