La baisse des prix du pétrole est d’abord une mauvaise affaire pour le secteur encore prédominant de l’énergie « traditionnelle » (pétrole, gaz, charbon), car elle engendre un recul des investissements effectués par les pétroliers. Mais elle est aussi néfaste aux pétroles « exotiques » qui permettent à la production mondiale de se maintenir à niveau : pétroles de roche mère (dits « de schiste » et extraits par fracturation de la roche) ou extra-lourds (comme au Venezuela), sables bitumineux (comme au Canada), productions de l’Arctique… Ces pétroles, exploités par des entreprises cotées en Bourse, nécessitent trois à quatre fois plus d’investissements par baril que le pétrole dit conventionnel. Ils ne sont donc pas rentables avec un baril à 50 dollars. À ce prix, les exploitants perdent de l’argent. Ils cherchent à déprogrammer les investissements prévus quand le baril était à 100 dollars.

Les puits de pétrole de schiste ayant une courte durée de vie, la baisse des investissements va limiter la hausse de la production. Cet effet va se coupler à la diminution de la production mondiale de pétrole conventionnel et engendrer une baisse de l’offre mondiale en pétrole. Et qui dit baisse – ou moindre hausse – du pétrole, dit un PIB qui va baisser, ou monter moins vite selon les pays. Dans un monde très endetté, cela augure de soubresauts financiers à l’horizon de quelques années.

Cette baisse va poser un double défi aux énergies renouvelables : elle les rend moins compétitives, et l’affaiblissement du PIB risque de limiter les aides financières dont elles bénéficient. Cela dit, le bois et les barrages restent les deux grandes sources d’énergies renouvelables dans le monde : l’éolien ne représente que 1 % de l’énergie mondiale et le solaire, 0,2 %.   

Propos recueillis par ANNE-SOPHIE NOVEL

 

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