Prenant son courage à deux mains, en janvier 2014, François Hollande s’est avoué social-démo­crate au cours d’une conférence de presse. Cet outing politique a fait couler beaucoup d’encre, sans surprendre grand monde à vrai dire : nul ne voyait dans le chef de l’État un bolchevik au couteau entre les dents. Mais, selon Jean-Luc Mélenchon, François Hollande n’est même plus social-démocrate : il serait social-libéral. Et, dans la bouche du bouillant mousquetaire, fondateur du Parti de gauche, ce n’est pas vraiment un compliment ! Où va s’arrêter la dérive droitière du social-traître Hollande ? De là qu’on l’accuse d’être devenu social-fasciste…

En politique, les mots composés ne datent pas d’aujourd’hui. Du marxisme-léninisme à l’anarcho-capitalisme, en passant par le radical-­socialisme, il y en a pour tous les goûts. Jean-Luc Mélenchon lui-même, que l’on croyait simplement de gauche, ne plaide-t-il pas désormais pour l’éco-socialisme ? D’autres militants juxtaposent trois termes, comme le sociologue et politiste Philippe Corcuff, qui est partisan de la social-démocratie libertaire. Mais rien n’interdit d’en associer quatre : la France compte certainement des citoyens qui, sans le savoir, comme Monsieur Jourdain, font du social-­libéralisme éco-libertaire.

Il est un homme politique, en tout cas, qui ne dévie pas de son axe. Quoiqu’un peu isolé depuis quelque temps, formant un parti à lui seul, il croit toujours à sa bonne étoile et, à défaut de l’Élysée, se verrait bien à Matignon : c’est François Bayrou, héraut éternel du centro-centrisme.  

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