Frenchement, le French est un drôle d’oiseau. Une sorte de faux-ami toujours prêt à vous jouer des tours dès qu’il franchit les frontières du langage. Employé à toutes les sauces, voilà qu’il nous fait perdre notre latin. Savez-vous qu’un French toast est du pain perdu, celui que nous inventaient nos magiciennes de grand-mères avec des tartines durcies trempées de lait et d’œuf, saupoudrées de sucre et revenues à la poêle ? Si la réputation du French aux fourneaux n’est plus à faire, il en va de même pour le French lover, dont un visage célèbre, Louis Jourdan, s’est éteint ces jours-ci dans sa demeure de Beverly Hills. Quant au French kiss, rappelons qu’il s’agit d’un baiser… profond, façon instructive d’explorer les langues étrangères. Vous apprendrez peut-être que l’expression French letters n’est pas la traduction des Lettres françaises, la fameuse revue fondée jadis par Jean Paulhan, mais de « préservatifs » ! Le faux-ami tourne là au quiproquo linguistique puisque, si les Anglais parlent de French letters pour désigner ce que nous appelons les capotes anglaises, nos voisins allemands disent Pariser – donc le Parisien – pour nommer le même objet ! Et puisque nous parlons de revue, alors place au french cancan (ou coincoin), une danse endiablée, olé olé, très osée pour l’époque. Bien avant que Renoir immortalise sur la pellicule ces petites femmes de Paris en jupons et culottes fendues (1954), le premier spectacle de ce « cancan français » fut inventé en 1868… à Londres. So French, n’est-il pas ? 

 

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